Et trouver nos ennemis. C'est fou comment ces quatre mots peuvent ajouter un coup de pression. Il avait parler doucement, Ezra, de manière à ce que seul moi puisse l'entendre. Je pense toutefois que si je n'avais pas repris du poil de la bête et que mon self control n'était pas de retour, je serais sans doute reparti dans un accès de panique à l'idée que nous pourrions ne pas être seul ici. Toutefois j'hoche la tête aux recommandations de mon frère, il est de toute manière celui qui s'y connaît le mieux en terme de survie. Même si je suis le scientifique de la famille et que je m'y connais bien en planète habitable etc. je pense que nos deux matières de connaissances sont plutôt complémentaires.  « je te suis» dis-je lorsqu'il m'indique qu'il faudra que nous trouvions un point d'eau et que nous allons explorer les environs.

Discrètement, nous nous éloignons de là où la capsule s'est crachée et nous nous enfonçons dans l'espèce de forêt qui borde la clairière. Restant sur nos gardes nous marchons pendant de longues minutes à la recherche d'un point d'eau. Bien trop occupé par cette recherche, aucun de nous ne fait attention au changement de luminosité et nous nous retrouvons bien trop rapidement entouré de pénombre oppressantes.  « C'est fou comment il fait sombre ici» soufflais-je  « Les études ne mentaient pas quand ils parlent de la nuit noir de la terre» je m'immobilise et regarde autour de moi, perdu  « J'ai absolument aucune idée d'où on se trouve » je secoue la tête  «Nos yeux ne sont pas habitué à cette obscurité, ils ne savent pas ce qui se passe et n'ont jamais apprit à s'adapter  » je prend une profonde inspiration puis m'avance vers mon frère  « Faudrait pas qu'on s'éloigne l'un de l'autre » dis-je en me plaçant à ses côtés  «Et ...je proposerais qu'on reste ici jusqu'à ce que le soleil revienne » je pose mon regard sur mon frère  « Ce serait du suicide que d'essayer de retrouver notre chemin dans cette noirceur. Vaut mieux qu'on ne bouge pas d'ici.» je pince les lèvres  «Non ? Tu crois pas... ? » ça c'est mon côté incertain et flipper de tout qui ressort. Et j'espère sincèrement qu'Ezra acceptera ma recommandation.

Il n’était pas des plus rassurés, Ezra. Il savait que cette expédition pouvait s’avérer être dangereuse - il en avait vu bien plus d’une avant celle-ci mal tourner, ou plusieurs hommes n’en étaient jamais revenu. Et il était hors de question que son frère et lui empruntent ce chemin là. Alors, il vint le mettre en garde, vint lui murmurer presque qu’ils se devaient d’avancer mais d’être prudents. « Je te suis. » Ezra hocha la tête et prit la tête de l’expédition. L’un comme l’autre des frères Beauregard, ils vérifièrent tour à tour que personne ne les avait subi dans cette direction, et que surtout personne ne menaçait de les prendre en traitre en surprise.

Ils marchèrent bien pendant une heure ou deux, avant que le soleil ne commence dangereusement sa course vers l’horizon. Et avant qu’ils n’aient le temps de se rendre compte de quoi que ce soit, au milieu des hautes herbes et des bruits d’animaux autant divers que variés, Thomas et Ezra se retrouvèrent dans la pénombre de la nuit. « C'est fou comment il fait sombre ici. Les études ne mentaient pas quand ils parlent de la nuit noir de la terre. » Stoppant sa marche l’espace d’un instant, Ezra vint tourner son visage vers son frère. « La nuit noire ? » Les deux mots accolés ne lui plaisaient guère. Il avait eu des études de terrain, le jeune Beauregard, sur différentes planètes aux alentours du spatioport - ces dernières étaient obligatoires avant les missions. Cependant, il ne les avait pas toutes retenues et ce qu’avançait son frère ne lui plaisait pas beaucoup. « J'ai absolument aucune idée d'où on se trouve. Nos yeux ne sont pas habitué à cette obscurité, ils ne savent pas ce qui se passe et n'ont jamais apprit à s’adapter. » « Pourquoi ça me rassure pas là ce que tu me dis… » Qu’il était venu siffler entre ses dents. Thomas n’y était pour rien, mais ce qu’il avançait n’était plaisant à entendre.

« Faudrait pas qu'on s'éloigne l'un de l’autre. Et… je proposerais qu'on reste ici jusqu'à ce que le soleil revienne. » Haussant un sourcil, Ezra tenta d’examiner les traits de visage de son frère, mais la nuit tombant n’aidait pas à cet exercice. Il le sentait peu assuré, cependant, même si ses paroles se voulaient certaines. « Ce serait du suicide que d'essayer de retrouver notre chemin dans cette noirceur. Vaut mieux qu'on ne bouge pas d’ici. Non ? Tu crois pas... ? » Quelques secondes de silence suivirent les mots de Thomas. Ezra pesait le pour et le contre de sa proposition, essayait d’imaginer ce qu’il pourrait bien leur arriver dans les prochaines heures, de comment ils allaient s’accommoder à leur nouvel environnement. S’il avait été seul ou en mission, il ne se serait jamais arrêté dans un endroit dont il ne connaissait rien, surtout s’il ne pouvait voir ce qui se passait autour de lui. Mais il se devait de se rappeler que ce n’était pas une mission ordinaire et qu’il était hors de question que son frère en vienne à mourir de peur - littéralement.

Soupirant un brin, il vint alors tenter de jeter un coup d’oeil aux alentours. « Il faut qu’on trouve quelque-chose un peu plus à l’abri alors, là au milieu des hautes herbes c’est pas le bon plan. » Faisant signe à Thomas de le suivre, Ezra commença à se diriger vers qui semblait s’élever au dessus du niveau du sol sur lequel il se trouvait présentement. Il ne savait pas quels types de paysages et d’environnements ils pourraient trouver dans les alentours, mais après quelques minutes de marche, les deux Beauregard arrivèrent sur un pan de falaise qui s’élevait jusqu’à ne plus voir au dessus de leurs têtes. Là, par chance, un recoin creusé à même la roche se fit visible, quelques mètres au bout d’un chemin. « C’est pas l’idéal mais au moins on pourra pas nous surprendre par derrière. » C’était pas le meilleur moyen de réassurance qu’il avait en stock mais au moins il ne mentait pas à Thomas en lui disant que le danger n’existait pas.

Spoiler:

On aurait du être plus attentif au soleil et à son déclin. On aurait du faire plus attention aux alentours et aux chemins que nous empruntons pendant plus d'une heure à la recherche d'eau potable. D'ailleurs, comment pouvons nous définir une eau qui est potable ? En tant que scientifique et historien spécialisé dans la recherche et dans l'histoire de la terre telle que l'ont connue nos arrières arrière grands parents, je possède un grand nombre de connaissances. Celles-ci ne sont, malheureusement, que théorique. Si en théorie je sais comment trouvé une source d'eau, la pratique est tout autre. D'autant plus que nous sommes tous les deux bien trop plongé dans la contemplation de notre nouvel habitat que nous n'avons pas fait attention à la lumière qui s'est brusquement amenuisée jusqu'à s'éteindre complètement, nous laissant seuls, tous les deux, dans une obscurité effrayante.

Je lance un coup d’œil vers mon frère lorsque celui-ci bute sur deux mots : nuit noire.  «C'est un phénomène qu'on pouvait observer jadis sur terre » expliquais-je  « Lorsque le soleil disparaît complètement et que la lune n'apparaît pas, on parle de 'nuit noire'. C'est le contraire de la pleine lune où la lumière lunaire est assez forte malgré tout. Mais lorsqu'il n'y a ni soleil ni lune, l'obscurité est ...noire, tout simplement» je tente d'expliquer avec les mots les plus simples que je puisse trouver. Non pas que je ne crois pas en les facultés cognitives de mon frère, mais je prendrais le risque de le perdre avec mes explications trop poussées.  «C'est fascinant comme phénomène » soufflais-je en regardant autour de moi, ne pouvant voir à plus d'un mètre de rayon  «J'ai lu tellement d'études là-dessus, vu tellement de reportages...je ne pensais pas qu'un jour j'aurais l'occasion de le vivre ! » et j'en serais presque excité si  nous n'étions pas dans un milieux hostile qu'aucun de nous ne connaît réellement.

Ezra qui, malgré tout, est plus un homme de terrain, m'indique que nous devons trouver un endroit plus propice à la cachette, les hautes herbes n'aidant pas à nous camoufler. Hochant la tête, j'approuve son idée et je le suis vers ce que j'imagine être la forêt. Après quelques minutes de marches, Ezra avise une falaise dans laquelle on peut facilement apercevoir un recoins creux et j'hoche la tête lorsque mon frère m'indique que c'est mieux que rien.  « Au moins on sera protégé des intempéries éventuelles» haussais-je les épaules en le suivant vers la montagne de falaise.

Entrant dans la grotte qui est bien plus spacieuse que ce que j'imaginais, nous décidons toutefois de rester plus vers l'entrée, aucun de nous ne se sentant assez courageux pour explorer la profondeur de la faille. Nous nous installons donc à même le sol, le dos contre la parois et je ramène mes jambes contre moi pour avoir un peu plus chaud.  «J'ai peur que les températures baisses drastiquement pendant la nuit » murmurrais-je à l'attention de mon frère avant que le silence ne nous enveloppe à nouveau.

Je ne sais pas combien de temps je me suis assoupis ni quand. Je sais juste qu'un bruit étrange me réveille en sursaut. À côté de moi, je remarque que mon frère s'est aussi redressé et mon regard se tourne instantanément vers les profondeurs de la grotte.  «Il ….il y a quelque chose là-bas.... » soufflais-je de manière à ce que seul Ezra puisse m'entendre. Si seulement mes yeux pouvaient s'habituer au manque de luminosité !

Spoiler:

« C'est un phénomène qu'on pouvait observer jadis sur terre » Et voilà que Thomas en vint à s’embarquer dans des explications sur les phénomènes terrestres dont Ezra ne connaissait ni l’origine, ni le fonctionnement - s’ils avaient eu quelques études de terrains pour connaître l’environnement à approcher, ces dernières ne comportaient pas de détails météorologiques de la sorte; c’était plutôt des études de terrain, de vrai terrain, comme repérer au loin un endroit où se mettre à l’abris pour les prochaines heures et survivre à cette nuit noire comme l’appelait son frère.

« Au moins on sera protégé des intempéries éventuelles » Le jeune Beauregard vint hocher la tête, ne se débarrassant pas de ce sentiment au fond de son ventre que quelque-chose ne tournait pas rond dans toutes cette histoire - en dehors du fait qu’ils avaient été catapultés sur une planète qui n’était pas encore assurée viable. « J'ai peur que les températures baisses drastiquement pendant la nuit » Ezra vint se laisser glisser contre la paroi afin de s’asseoir à même le sol aux côtés de son frère. « J’ai peur aussi et j’en sais foutrement rien, en plus. » D’habitude, lorsqu’il partait en mission, il savait qu’il ne s’agissait que de quelques jours et qu’ils auraient de quoi tenir sur tous les fronts dans leurs sacs à dos ou à bord du vaisseau les ayant emmené. Là, tout était différent et tous les repères étaient à refaire. Ils ne pouvaient compter sur rien et personne d’autre qu’eux même, et aucune denrée rare de survie ne leur avait été donné au décollage. « Il faut qu’on reste groupés. Et… j’aurais bien dit qu’on dorme à tour de rôle mais je pense qu’on a tous les deux besoin de sommeil à ce stade. » Celui d’Ezra n’était jamais des meilleurs, de toutes façons, et il était habitué à rester sur ses gardes même lorsque Morphée était dans les parages. Les deux hommes s’installèrent pour la nuit assez rapidement à la suite, ou tentèrent de faire au mieux dans tous les cas.

« Il ….il y a quelque chose là-bas…. » Lors que Thomas vint poser ses yeux sur Ezra, ce dernier était déjà redressé et tous les sens en alerte. Il avait entendu du bruit quelques minutes avant, et avait tenté de se persuader que ce n’était que son imagination. La semblant de forme qui s’en venait vers eux était le signe qu’il n’était finalement pas fou. Instinctivement, la main du jeune homme se porta à sa ceinture - avant de constater, dans un douloureux rappel, qu’il n’avait plus son arme de service pour venir les aider. « Merde. » Qu’il vint siffler entre ses dents, avant de se relever et d’intimer son frère à en faire de même. « Déclinez votre identité ! » Il avait pris sa voix la plus rauque et la plus adaptée à ce type de rencontre - ou tout du moins, de ce qu’on lui avait appris, c’est-à-dire de prendre le dessus sur la situation comme si tout lui appartenait.

Quelques bruits de pas en leur direction plus tard, la silhouette d’un homme se fit plus distincte, plus nette, à venir baigner dans le peu de lumière que la lune leur offrait en cette nuit noir. « Comment des hommes sont-ils arrivés si loin de chez eux ? » Et alors, tout semblait désormais ne portait plus aucun sens aux yeux d’Ezra. Un homme ne pouvait se trouver ici, ce n’était pas possible - ou le gouvernement leur avait-il menti depuis tout ce temps ?

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