Hassan Jaafari & @Megan Williams

I have this thing where I get older but just never wiser, midnights become my afternoons when my depression works the graveyard shift, all of the people I've ghosted stand there in the room. ☆☆

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(toowong, université) On bachotait jusque dans les couloirs de l’université, trahissant ainsi le fait que pas la moindre place ne subsistait encore dans les allées pourtant surchargées de la bibliothèque. Le semestre touchait à sa fin, les cours avaient cédé leurs places aux sessions de révisions, et les amphithéâtres étaient aussi vides de cours que les têtes des élèves en étaient pleines, parfois jusqu’à l’overdose. Les plus inquiets, on finissait par l’apprendre, n’étaient pas toujours – rarement, même – ceux qui avaient le plus de souci à se faire, et que l’on ait étudié avec sérieux tout au long du semestre ou que l’on compte sur sa bonne étoile de dernière minute, la grande majorité des étudiants qui arboraient ce jour-là les allées de l’UQ se rongeraient probablement les ongles en relisant une dernière fois leurs fiches avant d’entrer dans la salle d’examen, certains que cela pourrait faire toute la différence sur la note qui serait la leur. Pour le corps professoral en revanche, l’esprit était déjà ailleurs : on préparait le prochain semestre, on savourait le calme avant la tempête des corrections de copies, et l’on tâchait au mieux de se rendre disponible pour les brebis en quête de derniers conseils de leur berger – ou du loup semant la terreur au sein de la bergerie, car après tout, d’un élève à l’autres les deux versions s’appliquaient parfois à un même enseignant. « C’est un paquet d’absences. » Laissant glisser sur le bout de son nez les lunettes qu’il utilisait pour lire, Hassan avait fini par les retirer, reposant également devant lui le dossier scolaire qu’il tenait jusque-là entre ses mains. « Elles s’étaient taries durant ces dernières semaines, mais elles semblent être reparties de plus belle. » De l’autre côté du bureau, le regard de l’étudiante trahissait un certain inconfort, que n’avait probablement pas amélioré la manière dont le professeur Jaafari semblait la sonder en silence.

Jamais avant ce jour-là n’avait-il eu affaire à Megan Williams, et pourtant il se retrouvait habitué de la sensation factice qu’elle ne lui était pas étrangère. Rien d’étonnant à cela, tant son minois avait monopolisé les abribus et les panneaux publicitaires ; Elle devait avoir l’habitude, désormais, d’être moins une inconnue pour les autres qu’eux n’en étaient pour elle. Et tout cela malgré tout ne serait jamais plus que de la poudre aux yeux, la réalité étant qu’au même titre qu’Hassan rencontrait Megan Williams pour la première fois, l’étudiante rencontrait le professeur Jaafari avec aucune autre information que l’intitulé du poste qu’il occupait entre les murs de l’université ; Et s’il la jaugeait en silence depuis quelques instants, pour autant qu’il sache, elle était peut-être en train d’en faire de même. « Si on ne se fie qu’à ça, on a vite fait de croire que les études ne semblent pas être votre priorité, et que la place que vous occupez dans votre promotion pourrait bénéficier à quelqu’un d’autre. » Le ton faussement conversationnel tranchait avec le choix des mots, réfléchi en amont de leur entretien en se questionnant sur le meilleur angle à adopter pour solutionner le problème plutôt que de se contenter de l’aborder. « Et malgré cela, plusieurs de vos professeurs m’attestent que lorsque vous êtes présente, vous êtes une élève attentive et intéressée. Alors j’ai besoin que vous m’éclairiez. » Quelle Megan Williams était la vraie ? Celle qui posait pour des bijoux de luxe et s’essayaient à la comédie avec un résultat en demi-teinte ? Ou bien celle qui décidait, sept ans plus tard que les autres, de s’essayer aux bancs de l’université pour des raisons qu’elle était la seule à connaître ? « Ce n’est pas une question piège. » avait-il finalement ajouté, secouant brièvement la tête avant de s’appuyer contre le dossier de son fauteuil et de reprendre du même ton « Parfois on ne se rend pas compte de l’investissement que demandent des études avant d’avoir les deux pieds dedans, il n’y a rien de mal à l’admettre.  » Avait-elle sous-estimé le temps que devrait lui prendre l’université ? Surestimé celui que lui laisserait ses activités annexes ? Dans les deux cas, elle n’avait probablement pas besoin qu’on lui dise qu’elle ne pourrait pas poursuivre un second semestre sur les mêmes traces.

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Megan Williams & @Hassan Jaafari ☆ crédit/harley

Les talons laissés au placard lorsqu’il ne s’agit pas d’un tapis rouge – je suis coquette, mais j’ai avant tout l’esprit pratique et une bonne connaissance des codes et usages. M’habiller en fonction de l’occasion et de mon environnement n’a guère plus de secret pour moi et, alors que la convocation dans le bureau du doyen de ma spécialité tombe, je me fais la réflexion que j’ai été bien avisée d’enfiler de vêtements simples ce matin. Un jean, un polo en coton de luxe mais sans logo ostentatoire et une paire de basket, je semblerais certainement ainsi bien moins comme une écervelée et une jeune fille en mal d’attention aux yeux du professeur Jaafari. Je ne suis pas la matière qu’il enseigne si bien que, à part vaguement de loin, je n’ai jamais eu à faire à lui. Alors ce serait mentir que de nier que, en refermant mon ordinateur après mon dernier cours de l’après-midi pour prendre la direction de son bureau, je ressens une bouffée de stress. Je n’ai pas besoin de ce diplôme. En revanche, réussir les études dans lesquelles je me suis lancée me tient à cœur pour deux raisons bien distinctes : la première, c’est de me prouver à moi-même ainsi qu’au reste du monde que je ne suis pas plus idiote ou inapte qu’une autre. La seconde a tout à voir avec le cursus que j’ai choisi qui, doucement dans mon esprit, prend des allures de vocation qui se dessine progressivement.

Je suis entrée quand on m’a autorisée à le faire, me suis assise lorsque j’y ai été invitée, démontrant ainsi une docilité qui est inhabituelle chez moi, surtout lorsqu’il s’agit de l’autorité. Je musèle l’amertume que je ressens en me préparant déjà à être sermonnée comme une enfant alors que l’homme qui me fait face n’a pas la moindre idée des épreuves que j’ai traversées dernièrement. Certainement s’imagine-t-il déjà que j’ai préféré faire la fête sur un yacht ou fréquenter des soirées jet-set plutôt que d’étudier et me présenter en cours. « C’est un paquet d’absences. Elles s’étaient taries durant ces dernières semaines, mais elles semblent être reparties de plus belle. » Les mains posées sur mes genoux, je triture nerveusement les anses de mon sac à main en l’écoutant, en me préparant à recevoir son sermon. Je crains surtout les conséquences ; je n’ai que faire de passer un mauvais quart d’heure. « Si on ne se fie qu’à ça, on a vite fait de croire que les études ne semblent pas être votre priorité, et que la place que vous occupez dans votre promotion pourrait bénéficier à quelqu’un d’autre. » Il n’en a pas fini avec moi : si bien que, plutôt que de répondre tout de suite qu’il se trompe, je le laisse dérouler le fil de sa pensée. « Et malgré cela, plusieurs de vos professeurs m’attestent que lorsque vous êtes présente, vous êtes une élève attentive et intéressée. Alors j’ai besoin que vous m’éclairiez. » Attentive et intéressée je le suis. La seule raison que s’est opposée jusque là à ce que je suive le conseil que m’a donné mon professeur de Précurseurs et fondateurs de la sociologie de prendre un tuteur, c’est ma fichue fierté, celle qui me souffle que je dois y arriver seule, que ce serait un aveu de faiblesse que de demander de l’aide.

Cette fois, il semblait avoir terminé. Mais face à mon mutisme, il ajoute une précision qui ne change pas grand-chose à ma situation : je n’ai pas envie de parler de mes récentes épreuves à un homme que je ne connaissais pas avant aujourd’hui. « Ce n’est pas une question piège. Parfois on ne se rend pas compte de l’investissement que demandent des études avant d’avoir les deux pieds dedans, il n’y a rien de mal à l’admettre. » - « Non, ce n’est pas ça. » Je savais que cela me demanderait de l’investissement. J’étais même consciente que cela serait plus compliqué encore pour moi que pour quelqu’un qui enchaîne les études supérieures après le lycée et qui n’a pas encore perdu les habitudes qui vont avec. « J’ai vraiment envie de réussir, et j’ai fait ce que je pouvais pour mettre toutes les chances de mon côté. Mes absences du début d’année avaient été validées par l’administration au moment de mon inscription à l’université. » Je me suis enrôlée en ne cachant rien de la promotion de Nine qui allait arriver et qui m’accaparerait une partie du mois de février. Face aux réticences de l’administration, j’avais assuré que reporter d’un an ou d’un semestre ma reprise d’étude n’était pas nécessaire et que je mettrai toutes les chances de mon côté pour rattraper mon retard dès le mois de mars. J’étais bien partie, malgré mes difficultés donnant des résultats en demi-teinte. Assidue, je l’ai été un mois, avant le décès de Charlie, ma fausse-couche, puis le suicide de mon beau-père. Depuis un mois et demi, force est de constater que j’ai à nouveau brillé par mon absence sur les bancs de l’université. « Je ne regarde même pas les scripts que je reçois. » Ils sont certes peu nombreux et ne concernent que des rôles de figuration pour lesquels je n’ai été sélectionnée que pour ma plastique, je ne suis pas assez idiote pour ne pas le savoir. En revanche, le professeur Jaafari n’en sait rien, lui. « Et je n’accepte pas les contrats de modèle trop chronophages ou qui empièterait sur mes études. » Les propositions dans ce domaine ont été plus nombreuses. Pour ces contrats-là, je n’ai pas besoin d’ouvrir la bouche et de jouer la comédie : être belle et sexy suffit, et je suis ces deux choses au-delà du raisonnable. « Ce dernier mois… » Mois et demi, certes. « C’était différent. Il s’est passé beaucoup de choses dans la sphère privée. Mon beau-père est décédé de façon assez sordide, et mon mari a eu besoin de moi. » Le suicide de Saül, au-delà d’être hautement médiatique, ne me touche guère et je peux l’évoquer sans fondre en larmes. Pour le reste, c’est loin d’être la même histoire.

Hassan Jaafari & @Megan Williams

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Contrairement à la légende un brin tenace qui collait aux baskets de la plupart des professeurs, réprimander des élèves qui n’avaient même plus l’âge d’être considéré comme autre chose que des adultes n’était pas quelque chose auquel Hassan prenait plaisir. Certes, il y avait quelque chose de l’ordre de la leçon bien méritée à voir les élèves les plus dissipés recevoir leurs premières notes et tomber du nuage sur lequel ils semblaient s’être posés au début de l’année scolaire, quand bien même ce profil tendait à s’amenuir de plus en plus à mesure que le cursus avançait pour ne plus garder (presque) que les élèves véritablement sérieux … Mais ceux-là, le corps professoral, Hassan y compris, se contentait généralement d’attendre qu’ils se prennent seuls les pieds dans le tapis, ayant bien mieux à faire que de consacrer du temps et de l’énergie à des élèves qui refusaient de s’en donner les moyens. Que certains de ses professeurs se soient donné la peine de défendre, même à demi-mot, la cause d’une élève dont le profil pouvait laisser penser qu’elle ne le méritait pas tant intriguait donc forcément le professeur Jaafari ; Assez, en tout cas, pour avoir accepté de se faire sa propre opinion sur le sujet en convenant d’une entrevue avec elle. Silencieuse, elle s’était installée sur le bord de sa chaise comme pour s’assurer de pouvoir la quitter plus vite ensuite, avait gardé ses doigts serrés sur la hanse de son sac comme on s’accrochait à une bouée, et avait accepté sans broncher les suppositions faites à son sujet par cet homme qu’elle rencontrait pourtant pour la première fois. Peut-être s’imaginait-elle à tort qu’il s’agissait d’une discussion à sens unique. Que l’objet de sa convocation ne tenait que dans la volonté de l’équipe enseignante à lui lister les raisons pour lesquelles elle n’était pas une étudiante exemplaire, sans avoir la moindre seconde à accorder à son opinion sur la question.

Il était pourtant bien question de lui donner la parole, et assurant qu’il n’y avait aucun piège dans les propos qu’il venait de lui énoncer, Hassan espérait obtenir un peu mieux qu’un silence coupable. « Non, ce n’est pas ça. » Malgré une posture inchangée, la blonde avait relevé les yeux vers l’enseignant, et marqué une brève pause avant de reprendre d’un ton sérieux « J’ai vraiment envie de réussir, et j’ai fait ce que je pouvais pour mettre toutes les chances de mon côté. Mes absences du début d’année avaient été validées par l’administration au moment de mon inscription à l’université. » À cela, Hassan avait acquiescé d’un bref signe de tête. « Je sais, oui. » Autorisées et validées par l’administration, mais à la condition implicite que cela n’entache en rien le reste de son cursus – c’était là que le bas blessait. « Mais cette autorisation ne concernait que les deux premiers mois de l’année, et nous sommes à la fin du semestre. À cette période, vous devriez avoir la tête dans vos révisions et vos examens à venir. » Au lieu de ça elle semblait l’avoir ailleurs. Dans les castings ou les séances photo, sur un yacht ou dans une boîte de nuit ; Pour autant qu’il sache, elle pouvait même n’avoir la tête que dans les nuages, et semblant presque lire dans ses pensées l’étudiante s’en était aussitôt défendue. « Je ne regarde même pas les scripts que je reçois. Et je n’accepte pas les contrats de modèle trop chronophages ou qui empiéteraient sur mes études. » Mais alors, quoi ? Il était tout disposé à la croire, quoi que le fait qu’elle mente ne faisait pas grande différence pour lui – mais elle avait probablement passé l’âge pour le couplet du professeur qui indiquait avoir déjà un diplôme, et n’étant pas celui des deux ayant besoin de se remettre au travail.

La main de la jeune femme glissant sur la hanse du sac qu’elle tenait toujours précieusement sur ses genoux, elle avait marqué une nouvelle pause et donné l’air de vouloir choisir ses mots avec précaution. « Ce dernier mois … C’était différent. » Le regard attentif, Hassan l’avait enjoint à continuer d’un bref signe de tête « Il s’est passé beaucoup de choses dans la sphère privée. Mon beau-père est décédé de façon assez sordide, et mon mari a eu besoin de moi. » et presque machinalement, ses yeux avaient dévié du visage de la blonde pour aller se poser un instant sur l’anneau qu’elle portait à l’annulaire. Il y avait quelque chose de presque amusant à se dire que quelqu’un de marié si jeune ait pu endosser le rôle de Rhett à l’époque où Hassan et lui rechignaient juste à partager le même verre à dents que leur moitié. « J’en suis navré. » L’attention revenant entièrement à la jeune femme, le brun avait tenté de moduler sa voix pour équilibrer sincérité et sobriété. « Et je comprends que votre priorité soit à votre famille. Vraiment. » Prenant à son tour le temps de choisir ses mots pour éviter le risque d’une mauvaise interprétation, il avait décollé son dos du dossier de son fauteuil et était venu poser ses coudes sur le bureau. « Le semestre me semble malheureusement bien trop entamé pour espérer un miracle, et je peux comprendre que votre esprit ne soit pas aux révisions … Est-ce qu’il ne serait pas plus simple d’envisager un report de vos examens à la session de rattrapage du mois de novembre ? » Cela aurait peut-être l’air de n’être que repousser le problème, mais le professeur était pour sa part d’avis qu’il ne fallait pas confondre vitesse et précipitation. « Cela vous ferait deux sessions d’examens à tenir en simultané, mais avec un tuteur et un environnement studieux, ce n’est pas insurmontable. » Ce ne serait pas une promenade de santé non plus, mais elle n’avait probablement pas besoin qu’il le souligne.