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 Nous rêvions juste de liberté ➶ Phoenix

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Message(#) Sujet: Re: Nous rêvions juste de liberté ➶ Phoenix Nous rêvions juste de liberté ➶ Phoenix - Page 4 EmptyLun 30 Juil 2018, 20:15


nous rêvions juste de liberté
“This life is short, baby that’s a fact, better live it right, you ain’t comin back. Gotta raise some hell, ‘fore they take you down. Gotta live this life. Gotta look this world in the eye. Gotta live this life until you die”
J’étais persuadé d’avoir tout capté, tout anticipé, son changement d’humeur, son envie de se rhabiller au plus vite, tout. Alors, plutôt fier de ma perspicacité et de la distance de sécurité que j’avais réussi à garder entre elle et moi, je m’apprêtais à tourner les talons pour aller récupérer nos fringues quand tout à coup mon regard s’est fait happer par quelque chose dans le sien qui avait changé, me clouant littéralement sur place. J’ai dû m’y reprendre à deux fois pour vérifier que je me trompais pas, que j’étais pas entrain de me faire un film, mais non : après avoir voulu fuir mon regard quelques secondes plus tôt, Jaimie me toisait à présent avec une lueur espiègle au fond des pupilles, ses mirettes embrasées fixées sur moi alors qu’elle comblait les quelques centimètres qui nous séparaient d’une démarche délicieusement féline pour murmurer tout contre mes lèvres qu’elle se fichait éperdument d’où on irait après du moment qu’elle était avec moi. Là je dois bien dire qu’il m’en a pas fallu tellement plus pour dégommer le peu de résistance que j’avais réussi à construire. Me mordant la lèvre d’envie, j’ai enroulé un bras possessif autour de sa taille tandis qu’elle laissait ses doigts délicats courir le long de ma nuque et que nos échanges de regards réchauffaient sacrément l’ambiance obscure du vieux phare. Sans plus attendre, elle m’a tiré vers elle pour presser mes lèvres contre les siennes, mordillant la pulpe et caressant mes cheveux au passage ce qui a pas manqué d’envoyer des frissons partout le long l’échine. Bon sang je me sentais comme un vrai gamin, avec le corps qui réagit au quart de tour et le cœur qui s’emballe pour un rien et les mains qui sont comme aimantés et le désir qui est tout le temps là sans relâche. J’étais pas sûr de savoir ce que j’en pensais comme c’était pas habituel mais c’était surtout incroyablement grisant alors temps que je devenais subitement précoce et maladroit je me plaignais pas. Continuant sur sa lancée ravissante, Jaimie a murmuré qu’il y avait aucune raison d’attendre plus longtemps pour ‘finir ce qu’on avait commencé’ et autant vous dire que c’est pas tomber dans l’oreille d’un sourd. Le sourire aux lèvres, je m’apprêtais donc à exécuter ses désirs et lui faire l’amour sans plus tarder mais Jaimie elle a souri, elle m’a poussé en arrière et c’est elle qui m’a fait l’amour, sa petite main baladeuse repartant en expédition le long de mon corps. Elle était tellement désirable dans ses gestes et ses expressions malicieuses que le temps qu’elle arrive en bas de mon ventre j’avais déjà la trique comme pas possible. Quand elle a vu l’effet qu’elle avait sur moi elle a fait un petit sourire de satisfaction et alors elle a refermé ses doigts autour de ma queue et moi j’ai pas pu réprimer un soupir de plaisir alors qu’elle recommençait ses mouvements tendres comme avant dans le mer. Les yeux embrumés d’un désir exaltant, je la regardais tout plein de béatitude alors qu’elle jouait avec moi, mordillant mes babines, embrassant mon cou, et dans ma tête je comprenais toujours comment je pouvais être aussi chanceux. Je me sentais fondre sous ses caresses, ses baisers, hypnotisé par ses mirettes ardentes et ses courbes dionysiaques, mon souffle trépignant au rythme d'un désir croissant que je pouvais plus réprimer. Et alors je sais pas pourquoi mais d’un coup j’ai repensé à la soirée de la veille où j’avais dû me finir tout seul sous la douche comme un crevard avant de dormir face contre terre sur une moquette râpeuse et je me suis dis que c’était pas possible à quel point cette soirée là était infiniment plus agréable du genre pas comparable et alors avec le contraste j’aurais sûrement explosé de rire si j’avais pas été aussi surexcité. Bon sang, j’avais même pas besoin du sable et de l’océan et de la belle étoile, filez moi un phare poussiéreux et une Jaimie et j’étais comblé. L’effluve de sa peau, la douceur de ses gestes, la sensation de son corps si près du mien… vrai de vrai je crois bien que je pourrais devenir accro. Et tout bien réfléchi c’était probablement déjà le cas. Ses caresses s’allongeaient et accéléraient au gré de ses envies, flirtant avec les vagues de lave qui irradiaient partout dans mes reins à en contracter tous les muscles de mon corps et je sentais bien que je commençais à perdre sérieusement le contrôle, consumé par le désir insatiable de la sentir plus proche de moi. Alors quand la tentation s’est faite trop irrésistible, quand l’envie s’est faite besoin, quand j’en pouvais plus de résister, je l’ai brusquement soulevé de terre et je l’ai pressé entre le mur et moi où j’ai écrasé mes lèvres contre le sienne dans une passion brute, baiser fiévreux et avide, bouche affamée cherchant à apaiser la faim grondante qui affolait mes sens. Mes bras étreignaient fermement sa taille, ma bouche embrassait avidement la carnation de son épaule, de son cou, de sa mâchoire, soufflait qu’elle était belle, qu’elle était incroyable. Une main s’est faufilée le long de son corps, s'égarant entre ses cuisses pour la caresser, offrir du plaisir. Elle s’est cambré, cherchant le réconfort de mon corps entre ses jambes et ses douces lamentations c’était pas pour apaiser mon envie dévorante de la posséder, jusqu'à en perdre toute notion du temps et de raison. Je la désirais comme un fou, je perdais complètement pied, je pouvais plus penser à rien d’autre, pas même à chercher une protection, il y a avait plus qu’elle, elle et ce désir enivrant qui me consumait de l’intérieur, cette avidité de me sentir au plus profond d’elle. Palpitations, soupirs, babines qui se dévorent avec passion, et puis…

« Phoenix ! » À mon grand désarroi c’était pas la voix voluptueuse de ma Jaimie qui prononçait mon prénom. Non, c’était une voix pantelante et bien dégueulasse dont la proximité déconcertante laissait à penser que l’enfoiré duquel elle s’échappait avait sa gueule collée juste derrière la porte du phare. Porte contre laquelle il s’est d’ailleurs mit à frapper comme si c’était celle de notre piaule et qu’il fallait pas déranger (mais qu’on se privait pas pour le faire quand même bande de crevards). « Fuck off » j’ai lancé d’une voix rauque étouffée par les baisers que je faisais dans le cou de Jaimie pour inviter l’intrus à retourner dans les flammes de l’enfer auxquelles il appartenait. Qui osait putain ? C’est là que la tête hirsute d’Elvis a jugé bon de se faufiler par l’entrebâillement pour nous indiquer qu’il était temps de foutre le camp à cause des condés qui avaient rappliqués et menaçaient d’arrêter tout le monde pour exposition indécente ou je sais pas bien quoi. Accablé, je me suis demandé l’espace d’un instant si souhaiter l’incarcération de tous mes potes pour peu que je puisse faire l’amour a Jaimie en paix faisait de moi une sale race et quand je suis arrivée à la conclusion que c’était bel et bien le cas j’ai soupiré, résigné. « Yeah whatever man » j’ai lâché d’un ton pressant alors qu’il continuait d’expliquer le charabia qu’il prenait pour un plan de diversion avant de balancer nos fringues à l’intérieur du phare et de s’enfuir dans la nuit. Elvis je l’avais dans le sang mais là fallait bien dire qu’il me sortait méchamment par les yeux (même si comme contraceptif il était plutôt très efficace, je lui accordais ça). Je me suis pincé les lèvres, j’ai rebaissé les yeux vers Jaimie que je tenais toujours fermement contre moi et qui avait l’air de bien ronger son frein aussi, et c’était tellement absurde comme manque de chance que ça aurait été drôle si ça avait pas été aussi rageant. J’ai embrassé son front pour le réconfort. « Sorry about that » j’ai grincé sans pouvoir m’empêcher de rigoler un peu quand même tellement mes potes étaient les plus gros enfoirés de cockblockers de toute l’histoire des cockblockers de l’humanité. J’avais jamais rencontré une nana comme Jaimie et ils avaient jamais été aussi casse couilles ma parole c’était à se demander s’ils faisaient pas un peu exprès quand même ! Mais depuis le temps moi la poisse je commençais à la connaître plutôt très bien alors quand elle se pointait je l’accueillais presque avec un sourire, comme un hommage à sa fidélité. Jaimie ça la faisait pas trop sourire par contre et à peine je l’avais redéposé sur le sol qu’elle a commencé à se rhabiller furieusement en débitant à tout allure que cette nuit elle prendrait une chambre rien que pour nous deux et qu’elle nous enfermerait dedans et qu’il était pas question que qui que ce soit connaisse ne serait-ce que le numéro. J’ai les yeux qui se sont ouverts tous grands à cause de la surprise et puis j’ai éclaté de rire comme sa férocité menaçante était quand même méchamment justifié : « Preachin’ to the choir here babe » j’ai renchéri en enfilant mon futal et son rire s’est joint au mien et alors on s’est rhabillé en rigolant comme des sacrés hyènes engouées encore.  

Dehors, Elvis mettait donc son plan diabolique a exécution et offrait aux condés un petit concert privé tandis que les poilus sortaient de l’eau comme des drôles de créatures semi-sous-marines chassées par un puissant répulsif aquatique, fondant sur la plage à la recherche de leur fringues perdues en se fendant bien la gueule toute grande et je pense pouvoir dire sans trop m’avancer que ce soir-là notre moyenne d’âge collective à tous elle devait pas être loin d’avoisiner les six ans et demi. Les lardus se sont avoué vaincus face à la glorieuse prestation de notre foutue rockstar à paillettes et comme ça on était libres de décamper. Alors Jaimie a prit ma main dans la sienne et je l’ai suivi jusqu’au parking en me disant que je l’aurais suivi au bout du monde si elle s’était pas arrêtée et que c’était peut-être un peu flippant comme symbiose viscérale quand même mais ensuite mes yeux se sont posés sur ma bécane qui m’attendait les bras tendus alors je me suis empressé d’aller à sa rencontre comme on s’était pas vu depuis trop longtemps déjà. J’ai donné une tape de reconnaissance sur l’épaule du prospect qui était resté campé devant pour la protéger, j’ai grimpé dessus et puis j’ai tendu son casque à Jaimie avec sourire angélique en bonus. L’air rêveur elle s’est rapproché de moi pour déposer un baiser sur mes lèvres et me remercier de l’avoir sorti de l’eau, ajoutant que la plus part des autres types se seraient moqués d’elle pour sa pudeur, et confirmant par la même occasion qu’elle côtoyait bel et bien beaucoup trop de raclures si c’était le genre de réactions auxquelles elle était habituellement confrontées. Je me suis demandé l’espace d’un instant quel genre de moule à merde se moquerait d’une nana terrifiée par l’invasion d’une bande de vieux ploucs bourrés se jetant autour d’elle avec la bite au vent… j’ai pas trouvé. Mais elle semblait décidé à me mettre au dessus du lot, comme si j’étais spécial, affirmant que j’étais un vrai gentleman alors j’ai hoché la tête pour pas la décevoir : « I’m all about the service darling » j’ai répondu en caressant sa hanche. En fait j’étais vraiment pas sûr d’être un bon gars comme elle le pensait, j’étais plutôt l’inverse même, et sa vision était faussée par tout ce qu'elle savait pas de moi, les rixes, la taule, le passé poisseux, la violence du dedans, la folie du cerveau, le sang sur les mains… même si elle se doutait un peu parfois, elle savait pas l’étendu, alors tout était faussé comme elle avait pas toutes les cartes en mains, et j’allais pas les lui donner, non. N’empêche, quand elle me regardait comme ça, avec ses grands yeux séraphiques plein de tendresse et d’admiration, j’avais presque l’impression d’être le type bien qu’elle voulait que je sois et alors je pouvais essayer d’y croire un peu moi aussi. Tout délicatement elle a pris place derrière moi en caressant mon vente et en murmurant des mots doux dans le creux de mon oreille et alors c’était reparti pour les frissons et ce besoin viscéral de me fondre en elle et dans ma tête c’était plus que des pensées sur l’arrivée au motel et à la chambre où on serait enfin libres de faire ce qu’on veut et à ce qu’on ferait de toute cette liberté.

Ensuite Glider a démarré et comme ça on est reparti, convoi de clochards célestes trempés, échevelés et enchantés, fendant la bise à travers les villages et le désert australien qui rafraichit sous les étoiles. Au début je voulais rouler à tout blinde à cause des idées dans la tête et puis je me suis fais happé par la démence flamboyante et contagieuse de mes potes qui faisaient les pitres sur leur bécanes et alors on s’est mit à zigzaguer et à se doubler et à rouler n’importe comment et à se marrer comme des sacrés hyènes par dessus tout. Moi j’y allais mollo quand même parce que je voulais pas faire flipper Jaimie mais les autres bon sang ils hésitaient pas ! Je souviens encore du prospect qui se mettait debout sur sa selle et Happy et Kyte qui essayaient sûrement de départager lequel était le plus taré à coup de « eh mec, sans les mains » « eh mec, sans les pieds » « eh mec, sans la tête » et moi je regardais tout ça en me fendant bien la poire. Et puis après un moment je me suis laissé emporter par l’odeur astringente des gaz d’échappement sur la route et le corps de Jaimie tout pressé contre moi et le méchant spectacle qu’offrait le désert où le vide laisse pas mal de place à la liberté et alors j’ai décidé de ralentir encore un peu historie de profiter de tout ce bonheur simple. Je crois bien que les autres ont eu un raisonnement similaire parce que d’un coup on s’est tous mis à trainer un peu la patte, comme si sans avoir besoin de parler on était tous tombés d’accord que dans un décor pareil on roule pas vite, on savoure. Et moi avec la route droit devant et la joyeuse bande de voyous autour et les baisers de Jaimie dans mon cou c’est dire si je savourais. J’avais besoin de rien d’autre, juste ça et j’étais le plus heureux des hommes. C’était presque indécent même, tout ce bonheur à profusion tellement il était partout, et peut être que ça aurait dû me mettre la puce à l’oreille d’ailleurs, comme d’expérience je savais bien que le bonheur il avait pas pour habitude de poser ses bagages à côtés de moi. Je pouvais le toucher du bout des doigts, flirter avec même mais il restait jamais bien longtemps non, d’une façon ou d’une autre je finissais toujours par le faire fuir. Et alors évidemment ce coup-ci j’ai pas dérogé à la règle.

Ça a commencé avec une baltringue déterminée à se taper une crise d’épilepsie sur son klaxon juste derrière nous. J’en ai pas pensé grand chose sur le coup, si ce n’est que je lui aurais bien fais bouffé sa caisse comme ses bruitages de merdes ils rentraient pas franchement dans le délire de liberté tendre que je me faisais de notre virée sauvage, mais j’ai décidé de l’ignorer plutôt comme ça en valait la peine. Derrière j’ai entendu les frangins l’inviter à aller se faire foutre comme il se doit mais non content de faire chier en arrière fond la baltringue a décidé de s’octroyer une place sur le devant de la scène en nous doublant à fond la caisse dans sa Ferrari jaune et noire toute cabossée avant de se rabattre violemment sur nous dans une queue de poisson d’enfoiré pour éviter une autre bagnole qui arrivait droit devant. Sauf qu’avec sa maitrise toute relative du véhicule sa queue de poisson d’enfoiré elle s’est vite transformée en accident de satané fils de pute quand de plein fouet il a percuté la bécane d’Happy et Kyte qui s’est renversée dans un crissement de pneu bien dégueulasse. J’ai vu la moto de mon frangin s’allongée sur le sol droit devant et j’ai tout juste eu le temps de bifurqué brusquement sur la droite pour éviter le pire. Un fragment de seconde plus tard et c’était la collision et adieu les amis. « Holy shit ! » J’ai freiné aussi sec, les yeux pleins de stupéfaction passant de mes potes qui dégringolaient dans un ravin à la baltringue dans sa voiture de merde qui nous fumait sans un regard en arrière. J’ai senti le sang remonter dans mes tempes, gonflant toutes les veines de mon cou au passage, j’ai encore regardé derrière et quand j’ai vu les autres s’arrêter pour foncer vers Happy et Kyte j’ai hésité à faire pareil mais ensuite j’ai vu qu’ils se redressaient alors j’ai plus hésité et à cause du cerveau qui est pas bien câblé souventj’ai mis les gaz et j’ai arraché le bitume.

C’était pas très malin mais ce mot là ça faisait longtemps que je l’avais oublié par terre derrière moi. J’ai tracé la route à fond la caisse en regardant partout comme un enragé, et ça tournait en boucle dans ma tête ce qui venait de se passer et la nonchalance de l’enfoiré au volant de sa foutue caisse de merde et comment j’allais le retrouver et lui faire manger sa gueule pour lui faire payer. J’oubliais tout le reste, y avait que ça dans ma vision tunnel de révolté qui frôlait la folie furieuse. Des bruits de moteurs dans mon dos m’indiquaient que certains frangins avaient décidé de m’emboiter le pas et je savais pas si c’était pour essayer de m’empêcher de faire une connerie ou pour me prêter main forte dans la baston à venir mais j’y réfléchissais pas, je traçais juste la route. Je sais pas combien de temps j’ai roulé comme ça mais faut croire que la chance me souriait parce que j’ai fini par le retrouver, avec sa satanée caisse rayée jaune fluo bien reconnaissable. Il s’était garé devant une station service le sacré con et alors j’ai bifurqué et j’ai garé ma meule et je suis descendu avec la mâchoire bien serrée et j’allais pour partir en guerre quand brusquement mes yeux sont restés accrochés sur… Jaimie. « Shit » j’ai lâché en la voyant qui me fixait avec les cheveux ébouriffés et l’œil gauche pas loin d’être exorbité. Je l’avais complètement oublié. Merde comment j’avais pu l’oublier ? J’ai secoué la tête : j’aurais tout le loisir de me poser la question plus tard, là j’avais quelque chose à faire. « Stay right here babe, aight? It’ll only take a second. Don’t move! » Et comme ça je suis parti avec ma démarche de molosse prêt à en dérouiller.

Quand je suis rentré dans la station service j’avais l’excitation qui pulsait dans les veines comme un camé avant son shoot, je sentais chaque parcelle de mon corps en ébullition et la rage dans mon ventre qui faisait sourire mes lèvres. Je confondais tout, comme toujours je confondais tout. Mes excès et ma quête enfiévrée d’adrénaline ne servaient aucun propos spirituel. J’étais juste un enragé, machine déréglée sans beaucoup d’autre émotion qu’un acquiescement de principe à toute altercation pourvue qu’elle soit sanglante. Je me sentais bien. J’allais exploser quelqu’un, je me sentais bien. Quand je l’ai repéré qui trainait au rayon bière je me suis dirigé tout droit sur lui : « Yo, pass me one of those cans dumb dick » Il s’est retourné sûrement pour m’envoyer chier mais quand il a vu mes couleurs y a un truc qui a changé dans son regard comme une grosse appréhension en réalisant qu’il allait morfler sévère et alors j’ai pas attendu, je lui ai balancé la mère de toutes les droites. Il s’est écroulé aussi sec et je l’ai enjambé pour continuer de lui refaire le portait dans les règles de l’art cubique pendant que le proprio gueulait « Hey! What are you doing! What are you doing! » comme si c’était pas évident que je lui enseignais un truc ou deux sur la vie. Quand la baltringue a commencé à cracher ses dents je me suis dis qu’il avait dû comprendre la leçon et je me suis relevé : « That’s for throwing my boys in the gulch, shithead. Don’t ever cut us off again. » Et, satisfait, je suis reparti. Pour moi l’affaire était close, le compte réglé et la nuit pouvait reprendre son cours à travers le désert et les pitreries de mes potes et les caresses de Jaimie. Sauf que ça s’est pas vraiment passé comme ça. J’étais au milieu d’une allée en direction de la sortie où Elvis et Glider m’attendaient en secouant la tête (l’air un peu attendri pour Glider cela dit) quand brusquement Baltringue a décidé de renaitre de ses cendres : « WHY DON’T YOU COME AT ME NOW ASSHOLE » il a gueulé et quand je me suis retourné j’ai vu ce fondu qui marchait tout droit sur moi avec son flingue braqué sur ma gueule. « Holy shi- » A son tour il a pas hésité l’enfoiré, il a tiré direct. Je me suis jeté sur lui pour l’immobiliser et lui arracher son calibre mais il a résisté en me chopant par les épaules et on a valsé dans les chips, les bombons, partout, comme des satanés catcheurs qui refusent de lâcher en premier. Moi tout le temps de la lutte j’avais les yeux braqués sur le flingue qui dansait à côté de ma tête et j’essayais de pas trop penser à l’éventualité qu’un mauvais geste suffirait pour que ma cervelle parte retapisser les murs du rayon bières. Mais ensuite un nouveau coup de feu a déchiré l’air et mes tympans et quand j’ai perdu l’équilibre le type en a profité pour m’envoyer valdinguer dans les friandises où je suis tombé sur mon cul. Derrière j’entendais Glider qui gueulait « YER AFF YER FECKIN’ HEID! » et peut-être d’autres cris aussi mais je pouvais voir que le flingue qui était braqué entre mes deux yeux. J’ai reculé comme un cabot cerné et mon dos s’est heurté aux portes vitrées du frigo derrière. En face le gars a déplacé son doigt sur la détente…

Comme toujours dans ses moments là tout se passe trop vite, tout est trop flou, et quand on essaie de se souvenir ça fait comme des flashs dans la mémoire qui ont pas des masses de sens. Une poisse rouge m’a giclé à la gueule et je suis retombé en arrière comme paralysé. En face, le type s’était immobilisé, son visage figé dans une grimace dégueulasse. Il a pivoté sur le côté avant de s’effondrer juste devant moi comme un pantin à qui on a coupé tous les fils et c’est là que j’ai vu la putain de hache plantée dans son crâne, et le proprio derrière avec ses mains qui tremblaient sévères. J’ai senti mon sang se refroidir dans mes veines et je suis resté là tout rigide. Par terre la flaque continuait de se rependre et de ramper jusqu’à moi. Je sentais le contrôle m’échapper, mon cerveau s’engluait dans des souvenirs poisseux et collants qui avaient rien à faire là. Je supportais pas. J’ai voulu bouger mais je pouvais plus. J’étais plus là. Les images m’ont sauté à la gueule sans crier gare et je revoyais tout. Ses yeux pâles grands ouverts fixés sur moi, la position de son corps qui était vraiment pas belle à voir tellement elle manquait d’humanité en bas des escaliers, les beuglements de l’autre crevure qui il la secouait pour rien, la mare rouge qui s’échappait suintant hors de son crâne comme un foutu monstre liquide et engloutissait l’or de ses cheveux dans sa progression dégueulasse, la vie cette salope qui a décidé de quitter son corps, de me laisser orphelin. Mon cœur pulsait à tout rompre, j’entendais des voix lointaines serpenter entre mes tempes comme si j’avais la tête plongée sous l'eau, paroles incompréhensibles, étouffées par des bourdonnements et je pouvais pas m’extirper des limbes, hanté par des spectres du passé que je croyais endormis à jamais. Yeux injectés de sang, tête vacillante, je percevais tout juste la présence de quelqu’un à côté de moi, sa voix a des kilomètres : « Phoenix, we gotta split ». Et un autre : « I’ll handle the cops, just go! » Mes paupières ont cligné et j’ai sursauté quand une main est venue me cingler la gueule, me poussant à figer mes pupilles égarées sur le faciès devant moi. C’était Ryder. « Stay with me man. We gotta split, come on » il a dit et avec une douceur lente il m’a pris par dessous l’épaule pour me relever sans mal. J’ai fais comme il a dit et j’ai avancé tout droit avec le cerveau pas bien rebranché encore. Devant j’ai reconnu Glider qui trimait pour soutenir le poids d’un autre qui tanguait et j’ai compris qu’il y avait un problème quand j’ai vu sa combinaison blanche qui était toute rouge. Elvis. Putain Elvis ! Sortant un peu plus de ma torpeur j’ai couru droit sur lui pour aider à le soutenir : « What the fuck happened? » j’ai demandé avec une voix rauque pas vraiment à moi, comme si la réponse était pas évidente. « Clarty bastard shot him » a répondu Glider et alors j’ai remarqué que le rouge partait bien de son épaule et qu’elle pissait le sang. « My arm, my motherfucking arm! » qu’il gueulait, Elvis. Je me sentais pris au dépourvu, ralenti, je savais pas quoi faire, j’aimais vraiment pas ça. C’était apparemment pas le cas de Glider qui, d’un pas décidé, nous a dirigé tout droit vers la bécane du gros. « You ok to ride? » j’ai demandé comme j’avais un sérieux doute et que j’essayais de retaper dans le côté fonctionnel de mon cerveau. « I don’t know » « If you can’t drive ‘means you gotta leave your bike behind » a fait remarqué Ryder et alors Elvis il a grimacé avec la sueur qui coulait bien sur le front et il a hoché fébrilement la tête : « I’m gonna try ». Alors on l’a hissé sur sa selle et il a grogné encore, puis Ryd lui a démarré sa bécane pendant que Glider lui faisait comme un garrot autour du bras avec sa ceinture et que je servais à rien. « We gan tao th’ motel, fix yer gammie arm thaur » a ordonné Glider dont toute trace de gaité avait quitté les joues et ça faisait toujours bizarre au niveau des tripes de le voir comme ça comme il prenait jamais rien au sérieux d’habitude. On a tous hoché la tête comme un seul homme, j’ai tapé dans le dos d’Elvis pour le soutien et j’ai avancé vers ma bécane… où je suis tombé nez à nez avec Jaimie. Je sais pas pourquoi ça m’a fait comme un électrochoc. Elle était juste là et le regard qu’elle me lançait, bon sang je pouvais y lire tellement de choses. Toutes plus sombres et troublantes les unes que les autres. Je me suis passé les mains sur le visage et j’ai frotté vigoureusement. Je voulais me réveiller, ou revenir en arrière. Tout était bien trop parti en couilles. Je voulais croire qu’elle était restée là aussi, qu’elle avait pas bougé comme je le lui avais demandé, qu’elle avait rien vu… mais quelque chose dans ses prunelles d’émeraudes m’indiquait qu’elle avait probablement assisté à ce basculement crasseux de la réalité et j’ai dégluti. Putain elle devait être terrifiée. On s’est dévisagé l’espace d’une seconde et puis je me suis rapproché d’elle à grandes enjambées pour la prendre dans mes bras et caresser ses cheveux. « It’s okay. It’s okay. I’m so sorry babe. You’re okay. We have to go. I’m sorry. We have to go. » Discours fragmenté, gestes saccadés, regard hagard, cervelle harcelée de pensées incohérentes, fêlure exposée. J’essayais de me montrer rassurant mais indéniablement j’avais perdu de ma superbe et je pouvais même pas faire semblant pour la forme. J’ai du mal à me souvenir de notre départ, je crois que machinalement je suis monté sur la moto et que j’ai attrapé la main de Jaimie autour de mon ventre quand elle m’a rejoint pour m’assurer qu’elle était bien là et que je l’oublias pas sur le bord de la route. Et puis on est parti. Je sais même pas comment j’ai fais pour rouler tellement ma conscience m’avait larguée. Je suppose que mon corps a pris le relai, que je me suis laissé porté par ma bécane, par les autres, que j’ai juste roulé tout droit derrière Elvis. J’avais le cerveau en ébullition et complètement vide à la fois, les yeux vitreux rivés sur la route et je la voyais même pas, mais je restais focalisé sur notre mission qui était d’emmener Jaimie loin de tout ce merdier et de rafistoler Elvis une fois à l’auberge, alors j’essayais de penser à rien d’autre qu’à ça et j’ai roulé tout droit. J’ai juste roulé tout droit.
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Jameson Winters
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SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi.
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PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.
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ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.

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LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.

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GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.

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KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.



RPs EN ATTENTE : Phoenix [3]Phoenix [f.b.]Bosie me boy [d.f.]Slasher Night ↟ Robin [4] ↟ Robin & Phoenix [r.a. 2]

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AVATAR : Maggie Siff
CRÉDITS : Birdiesnow (avatar), anaëlle. (signature), loonywaltz (UB), mapartche (dessin <3 )
DC : Aisling l'effeuilleuse prude
PSEUDO : Whitefalls/Whitewolf
INSCRIT LE : 08/03/2016
https://www.30yearsstillyoung.com/t7655-jaimia-winters-you-were-expecting-me-to-be-a-man-my-father-was-too
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Message(#) Sujet: Re: Nous rêvions juste de liberté ➶ Phoenix Nous rêvions juste de liberté ➶ Phoenix - Page 4 EmptyMer 08 Aoû 2018, 21:12


NOUS RÊVIONS JUSTE DE LIBERTÉ
phoenix & jameson | australie, 2003

Je me préparais déjà à descendre lorsque Phoenix a redémarré dans un grondement de tonnerre, manquant de me faire basculer sur la route aussi surement que la moto de Kyte avait volé dans le fossé. Le vent giflait mon visage avec violence, irritait mes yeux, coupait ma respiration. Crispée par l’appréhension, j’agrippais fermement les rebords de la selle pour tenter de retrouver mon équilibre tandis qu’il accélérait encore, déchirant la nuit de sa course vengeresse. Je ne comprenais pas sa réaction, j’étais paumée et terrifiée, alors je me suis raccrochée à l’idée réconfortante qu’il fonçait probablement pour prévenir les secours. Qu’il savait ce qu’il faisait ; qu’il maîtrisait la situation. Et j’avais beau n’y croire qu’à moitié, quelque part ça m’aidait à supporter la vitesse et les virages trop serrés qui envoyaient mon cœur valdinguer dans ma gorge. Moteurs hurlants dans la pénombre, Glider et Elvis nous talonnaient tant bien que mal. Du coin de l’œil, je pouvais voir le chanteur s’agiter pour attirer l’attention. « Phoenix! » Il beuglait par intermittence, sa voix entrecoupée par le vent. « The girl! Phoenix?! ». Le pauvre se berçait encore plus d’illusions s’il s’imaginait que rappeler ma présence aurait la moindre incidence sur l’attitude de ce jeune loup guidé par l’instinct.

Après un dernier dérapage maîtrisé, notre course effrénée a pris fin devant une station-service au milieu de nulle part. L’espoir fébrile qui m’animait encore s’est évaporé lorsque j’ai reconnu la bagnole qui avait renversé Kyte et Happy un peu plus loin. Pas encore totalement remise du voyage, j’ai dévisagé Phoenix sans rien dire, peinant à reconnaître ses traits crispés par la colère. Nos regards se sont croisés et j’aurais juré lire de la surprise dans le sien, peut-être en raison de l’expression ahurie que j’affichais, d’ailleurs. Il s’est radouci le temps de m’intimer de ne pas bouger et puis il est parti de sa démarche conquérante, prêt à en découdre. « Please be careful! » J’ai supplié dans le vide, consciente qu’il ne servait à rien de le retenir mais tout de même assez naïve pour croire que mes paroles pourraient traverser la couche de rage qui le déconnectait de sa raison. Les deux autres se sont garés un peu plus loin et Glider lui a emboité le pas en me désignant du pouce. « Ye stay wi’ her. » Il a balancé et Elvis s’est posté à côté de moi, les bras croisés sur son ventre bedonnant comme un fichu garde du corps plein de strass. « How you holding up sweetheart? » Son ton avenant m’a fait regretter mon animosité. « I'm fine, thanks. » J’aurais voulu lui demander si Phoenix était particulièrement remonté ce weekend ou bien s’il cherchait la bagarre comme ça tout le temps mais des cris et un grand fracas ont coupé court à mon projet d’investigation. « Oh shite! » J’ai soufflé en me redressant comme une biche aux abois. Mon garde-du-corps-baby-sitter n’a pas eu le temps de faire le moindre mouvement pour me retenir que je courrais déjà vers la boutique. Je ne savais pas ce que je venais y chercher ni ce que j’espérais y trouver. Je sais juste que dans le chaos ambiant mes yeux ont tout de suite repéré la silhouette de Phoenix et son poing qui s’écrasait sur le visage en miettes d’un type étalé sur le sol près des machines à café. J’aurais dû ressentir quelque chose. Un choc, de la peur, n’importe quoi. Mais déjà je sentais l’adrénaline se déverser dans mes veines, agissant comme un antalgique sur mes terminaisons nerveuses. Mes vieux réflexes me sont revenus d’un coup, et j’ai repéré du coin de l’œil une caméra de surveillance qui clignotait dans un coin du plafond. « WHAT ARE YOU DOING? MY SHOP! THIS IS MY SHOP! » Je me suis écartée pour laisser le proprio paniqué s’échapper du comptoir et courir vers la bagarre en se tenant le crâne et j’en ai profité pour me faufiler à sa place derrière la caisse. Grâce à mes études, je connaissais la loi, les risques que Phoenix encourait et les preuves qui pourraient l’accabler ; grâce à Kyte, je savais exactement comment les faire disparaître. J’ai cherché le magnétoscope qui enregistrait les images de surveillance et lorsque je l’ai trouvé, j’ai pas hésité : j’en ai arraché la cassette pour la fourrer dans ma veste. Ni vue, ni connue. J’étais calme. Calant mes pas sur les battements réguliers de mon cœur, j’ai avancé vers Elvis qui m’attendait près de la porte en me scrutant curieusement. Maintenant, il fallait se tirer. De son côté Phoenix avait fini sa besogne et revenait d’un pas victorieux. Je pouvais presque croire que ça s’arrêterait là, qu’on irait chercher nos potes dans le ravin et que la nuit pourrait reprendre son cours. Mais évidemment ça ne s’est pas passé comme ça.                      

On dit souvent qu’on ne réalise pas quand l’ombre remplace la lumière, quand le paradis devient enfer. Moi je l’ai su dès l’instant où la voix du conducteur siphonné a claqué dans la pièce tandis qu’il braquait son arme sur Phoenix. Un spasme affreux a contracté mon cœur alors qu’on basculait dans le cauchemar. Et dans ce royaume maudit, il n’y avait plus un seul mécanisme de défense pour me protéger des émotions qui déferlaient à toute vitesse dans mes veines. Le coup est parti immédiatement. Les images et les sons se bousculaient dans ma tête comme un diaporama saccadé, assaillant mes sens. J’ai pas eu le temps de les assimiler qu’une vitre volait en éclat tandis que Phoenix se jetait sur le type pour lui arracher son arme. Il n’y avait aucune hésitation dans ses gestes guidés par son seul instinct de survie, attisés par son courage et sa fureur de le vaincre. Une main portée à mes lèvres pour étouffer le cri d’effroi qui montait dans ma gorge, je ne pouvais que fixer le flingue qui dansait près de son visage et menaçait de se déclencher à tout instant. J’aurais voulu prendre un balai sur ma gauche pour l’écraser sur la nuque du cinglé de la gâchette ; j’aurais voulu sauter sur son dos, enfoncer son nez et lacérer son visage pour le mettre hors d’état de nuire. Mais y’avait plus rien qui fonctionnait à l’intérieur, plus rien qui répondait. Mon cerveau et mon corps étaient aux abonnés absents alors il ne restait que mon cœur qui se déchirait tandis que je les regardais lutter encore et encore, rebondissant sur les rayons contre lesquels ils s’explosaient. J’avais l’impression que ça ne finirait jamais, et plus ça durait, plus l’horreur et la sensation d’impuissance écrasaient ma poitrine à m’en rendre cinglée. Un nouveau coup de feu s’est perdu dans les chips et le fou furieux a profité de sa surprise pour repousser Phoenix. Couché sur le dos, il a reculé contre un meuble réfrigéré comme un animal traqué, ses grands yeux rivés sur l’arme qui se braquait lentement sur son visage. « NO! » J’ai hurlé comme si ça servait à quelque chose. J’étais envahie par une peur profonde, primale. Du genre à lacérer les tripes, à décomposer l’âme.

J’ai eu l’impression que le temps s’arrêtait, nous emprisonnant au bord d’un précipice dans lequel je refusais de sombrer, et il me semblait que seule la détonation de cette arme pourrait le réenclencher. Le flingue scintillait sous l’éclairage synthétique et quelque part là-dedans, une petite bille en métal avait le pouvoir atroce d’aspirer la vie de Phoenix, de l’arracher à la mienne sans que je puisse rien y faire. Je trouvais ça si insupportable que ça me donnait le vertige. Mais le coup n’est jamais parti, et le temps a repris son cours. Brouillé, incohérent. Au lieu d’une déflagration il y a eu un craquement sec alors que le crâne du cinglé s’ouvrait comme une vieille bûche moisie. La main toujours crispée autour de son revolver, il s’est écroulé sur le sol dans un bruit mat. Le corps parcouru de tremblements, j’ai regardé le sang s’écouler de la plaie béante et la hache enfoncée dans son crâne. Je comprenais pas d’où elle sortait. J’en avais rien à faire. Les veines chargées d’adrénaline, des battements de cœur irréguliers dans les tempes, je me suis raccrochée aux étalages pour éviter de tomber. Quand j’ai osé relever les yeux vers Phoenix et constaté qu’il était bien vivant, j’ai senti un soulagement nerveux engourdir mes membres. Et puis j’ai remarqué le tremblement de ses lèvres blanches, la rigidité de son corps et la vulnérabilité dans ses grands yeux brumeux figés sur l’onctueux liquide écarlate qui se répandait sur le sol, rampant vers lui comme pour l’engloutir. Il ne se relevait pas. Pourquoi il ne se relevait pas ? Le brouillard s’est dissipé et j’ai été frappée par toute l’horreur de cette scène, la panique de ce qui aurait pu se passer, la nervosité renversante. Les jambes flageolantes, j’ai progressé entre les rayons comme un zombie pour me rapprocher de lui. J’avais besoin de m’assurer qu’il n’était pas blessé, de le serrer dans mes bras et de sentir son cœur battre contre le mien. Je voulais embrasser ses paupières pour effacer ces images qui s’imprégnaient dans sa mémoire aussi surement qu’elles étaient en train de creuser leurs cicatrices dans la mienne. Mais j’ai été stoppée dans ma progression toute relative par une main fermement accrochée à mon bras. C’était Ryder. J’avais pas la moindre idée de quand il était arrivé ni de ce qu’il me voulait. « Wh…what are you doing? Let me go! » Je protestais d’une voix blanche tandis qu’il me trainait sans difficulté vers la sortie malgré mes diverses tentatives de lui résister. « You stay out of this. » Il m’a dit d’un ton bourru en me balançant sur le parking, le regard aussi fermé que son visage. Il a claqué la porte derrière lui, explosant encore quelques petits bouts de verre qui sont allés s’écraser sur le sol. J’ai pas aimé la sensation de vide qui m’a serré les tripes là dehors, ni la jalousie qui a froissé mon cœur en voyant Ryder s’accroupir aux côtés de Phoenix pour lui venir en aide. Je savais que c’était déplacé, qu’il le connaissait mieux que moi et que sa présence rassurante valait mieux que mes états d’âmes. J’ai inspiré l’air de la nuit pour oxygéner mon cerveau nécrosé, tenté de m’imprégner un peu du calme de la nature. La porte vitrée s’est ouverte à la volée sur quatre paires de bottes qui faisaient crisser le verre sur l’asphalte, me faisant sursauter. J’avais les sens en alerte, un furieux besoin de me rendre utile, de faire ce qu’il fallait. Alors quand j’ai vu que Phoenix et Glider soutenaient Elvis, quand j’ai remarqué les traînées luisante que sa transpiration laissait sur son teint ciré et sa combinaison toute tâchée de rouge, j’ai titubé jusqu’à la moto de Phoenix et fouillé dans mon sac à dos pour récupérer mon téléphone portable. J’étais à deux doigts de le rallumer pour appeler les secours quand je les ai vu installer le chanteur bedonnant sur sa bécane. Merde, il ne tenait pas debout, c’était complètement inconscient de le laisser conduire ! Unless they have no other choice. J’ai laissé retomber ma main le long de mon corps et j’ai eu une sensation bizarre comme cette scène était quand même sacrément familière. La gorge nouée, j’ai commencé à comprendre qu’ils n’avaient pas l’intention d’appeler une ambulance, ni même d’emmener Elvis à l’hôpital. J’avais beau me dire que je ne pouvais pas en être certaine, j’avais un sérieux doute et déjà je me demandais s’ils étaient des hors la loi, des one percenter. Les émotions brouillées par de nouvelles craintes, j’ai relevé les yeux vers Phoenix qui revenait vers moi la tête baissée. L’inquiétude se mêlait au soulagement de le voir sain et sauf mais tout ça c’était rien comparé à ce truc tellement fort qui sortait des profondeurs et qui me faisait carrément flipper pour le coup. L’incertitude dans son regard, c’était pas pour apaiser ce mélange douteux qui rongeait mon cœur et semblait se refléter dans ses yeux. Je sentais mon âme se déchirer ; partagée entre l’envie de prendre la fuite, d’effacer ces quelques jours de ma mémoire avant qu’il ne soit trop tard et le besoin de sentir sa peau douce sous mes doigts pour en vérifier la chaleur, de mêler mon destin au sien et d’effacer sa douleur.  

On s’est dévisagés sans rien dire, comme pour se ré-apprivoiser. Et puis d’un coup quelque chose dans son regard a changé et il a parcouru la distance qui nous séparait alors sans réfléchir davantage je me suis jetée dans ses bras avec un mélange de peur et de violence, comme si ça me frappait brutalement qu’il avait bien failli y passer. « Are you ok ? Oh god, are you ok ? » Son étreinte coupait ma respiration, sa main écrasait mes cheveux, caresses brutales et saccadées, mais je prenais tout et même j’en redemandais. D’une voix fébrile il me disait qu’il était désolé, que ça allait, qu’on devait y aller. Et toute cette prévenance ça faisait remonter des sanglots dans ma gorge, des hoquets sans larmes que j’avais même pas eu conscience de réprimer. Au loin déjà le rugissement des Harleys s’éloignait et je savais bien qu’on devait s’arracher nous aussi mais j’étais pas capable de me détacher de son étreinte, comme si j’étais à la croisée des mondes et que le laisser s’écarter nous renverrait chacun dans le nôtre. Mais ça commençait déjà et je le sentais bien, y’avait des signes qui ne trompaient pas. Il y avait toujours eut des failles dans notre rêve, mais ce soir la réalité s’était infiltré insidieusement entre ces fêlures, répandant ses peurs, son supplice et ses doutes. Les yeux fermés, j’ai enfoui mon visage dans son cou et je me suis imprégnée de son odeur. Une profonde inspiration pour me calmer, la seconde pour me donner du courage. Puis je me suis écartée, et j’ai délicatement pris sa mâchoire entre mes mains, mes yeux cherchant les siens. « I know, I know. I’m sorry. It’s ok, I’m ok. Don’t worry. » J’ai bredouillé parce que je sentais bien qu’il était au moins aussi traumatisé que moi. « Let’s go. Let’s just go. » On a chevauché sa moto, et après une pression rassurante sur mon bras il a mis les gaz et on a filé dans la nuit.        

La route n’avait plus rien du havre de paix sécurisant qui nous avait jadis porté. Elle défilait avec froideur, recelant de mille dangers qui se terraient dans l’ombre, menaçant de nous engloutir dans ses recoins les plus sombres. Et quelque part j’avais cette impression dérangeante que Phoenix fonçait droit sur eux, comme s’il aspirait à se perdre dans ces terribles limbes. Elvis tanguait sur sa bécane juste sous nos yeux et ça m’évoquait toutes sortes d’images auxquelles j’aurais préféré ne pas me confronter. L’horreur de la station-service, l’excitation dans son regard lorsqu’un danger se profilait au loin, le taré au fusil dans la forêt, les filles récupérées sur le bord de la route qui se targuaient de connaître son anatomie dans les moindres détails, les bagarres, la gueule éclatée du chasseur sur le pavé, sa violence. Elles défilaient toutes en boucle devant mes yeux et j’arrivais pas à les faire coïncider avec celles auxquelles se raccrochait mon cœur. Nos escapades dans la nature, nos rires, nos discussions au clair de lune, son sourire et ses caresses, ce regard qui me faisait sentir si spéciale, comme si ce qu’on vivait était aussi pur et nouveau pour lui que pour moi, sa tendresse. J’arrivais pas à savoir où se situait la vérité, ni à concevoir que ce puisse être quelque part entre ces deux extrêmes. Alors les images violentes, les scènes sanglantes tournaient dans ma tête et brouillaient parfois les autres, distordant son sourire, ternissant l’éclat de ses prunelles ; lacérant mon cœur d’une lente agonie.  

L’arrivée au motel a mis un frein à mes pensées, me délivrant de cette torture auto-infligée. Glider a foncé vers la réception tandis que Ryder et Phoenix aidaient Elvis à descendre de sa moto. Quelques secondes plus tard à peine, le président réapparaissait pour ouvrir une porte tout au bout du bâtiment, aux pieds de la nature et des grands espaces. Quand j’ai compris qu’il comptait traiter son pote là-dedans je me suis précipitée à sa suite pour préparer la chambre à recevoir le blessé. Glider a dégagé les oreillers et tiré les couvertures tandis que je filais dans la salle de bain pour détacher le rideau de douche. « Don’t put him on the bed just yet! » J’ai prévenu pour les faire patienter tandis que je faisais sauter les derniers crochets. J’ai étalé le rideau sur le matelas pour protéger les draps des éventuelles tâches de sang et je me suis écartée pour les laisser étendre le motard agonisant. Sans échanger le moindre mot, Phoenix a tiré son couteau de sa ceinture et l’a tendu à Glider qui s’installait déjà au chevet d’Elvis pour découper sa combinaison. Le chanteur s’est mis à geindre en regardant le massacre, et je savais pas très bien si c’était à cause de la douleur dans sa chair ou l’horreur de voir sa tenue de scène ainsi massacrée. « Thes is way beyond mah skills. WAY BEYOND ‘EM! » S’énervait Glider en prenant ses cheveux dans ses mains comme s’il cherchait à se les arracher. A côté du lit, Phoenix était pale comme un linge et je pouvais sentir la culpabilité qui empoisonnait son sang et ses pensées. J’ai pris sa main dans la mienne et je l’ai serrée en cherchait son regard pour lui communiquer un peu de soutien, puis je me suis frayée un chemin jusqu’à Glider en essayant d’ignorer le regard haineux que me lançait Ryder au passage (il n’aimait vraisemblablement pas qu’on s’approche de ses potes lorsqu’ils étaient mal en point.) « Er Glider, mind if I take a look? » J’ai demandé au président d’un ton précautionneux. « I’ve got a wee med kit an’ I’ve patched up a few bullet wounds before. » En réalité, je ne l’avais fait que deux fois mais j’estimais que ce n’était pas trop la peine de le préciser. D’abord méfiant, Glider a eu l’air sacrément soulagé alors j’ai déposé mon kit sur la table de nuit et je suis allée me laver les mains au savon dans la salle de bain avant de revenir vers Elvis qui agonisait en poussant des petits cris de cochonnet souffrant. Ça l’a tout de suite rendu très sympathique à mes yeux. Je me suis assise à ses côtés et j’ai pressé une gaze stérile sur sa plaie pour contenir le saignement tandis que je nettoyais la peau alentour à l’aide d’une solution désinfectante. Puis j’ai jeté un coup d’œil à la blessure pour en appréhender la gravité, la profondeur de la balle et son emplacement. Fort heureusement, elle était relativement en surface et semblait n’avoir traversé qu’un peu de tissu musculaire. « How do I look doc’? » M’a demandé Elvis après avoir avalé une rasade d’alcool pour brouiller ses sens et se donner du courage. « Like you got shot. » J’ai répondu avec un sourire un peu nerveux que j’espérais rassurant. Ça a semblé lui plaire comme répartie parce qu’il est parti dans un petit rire agonisant. « Alright I’m going to extract the bullet. » J’ai prévenu en désinfectant une pince à épiler dont je ne me séparais jamais au cas où mes sourcils avaient besoin d’une petite retouche. « You might want to take another sip for the pain, but whatever you do, don’t move. » Mon malade s’est exécuté, puis Glider a calé un tissu entre ses dents et s’est appuyé sur lui de tout son poids pour l’immobiliser. Elvis lui a adressé un regard fou de rage qui disait bien tout ce qu’il lui ferait payer une fois sur pieds, mais l’écossais se fichait pas mal de lui être désagréable pourvu que ça lui sauve la vie. Les traits décidés, le regard franc, il m’a fait signe de commencer, et j’ai compris tout d’un coup comment il s’était retrouvé à la tête de son club.

Méthodiquement, j’ai entrepris d’aller repêcher la balle nichée dans l’épaule du motard. J’avais beau savoir que j’en étais capable, je faisais pas la fière quand ma pince à épiler fouillait sa chaire tandis qu’il beuglait comme un goret dans son bâillon, les muscles bandés par la douleur et une pointe de fureur. J’avais pas le droit à l’erreur. Après qu’elle ait échappé une fois à ma pince, j’ai senti le métal accrocher les aspérités sur la balle alors j’ai tiré délicatement en faisant le chemin inverse pour essayer de ne pas le blesser plus encore. Elle est sortie sans difficulté, suivie par un petit filet de sang. J’ai encore fait pression sur la plaie le temps de déposer la balle sur le bloc-notes de la table de chevet. Ensuite j’ai nettoyé la blessure avec du sérum physiologique puis j’ai appliqué de l’eau oxygénée qui s’est mise à mousser au contact de sa chaire meurtrie, déclenchant de nouveaux grognements offusqués et entraînant avec elle d’éventuelles bactéries ou corps étrangers. « Glider, can you press this down for me please? » Ses doigts ont remplacé les miens sur la compresse et j’en ai profité pour attraper l’aiguille dans mon kit de suture. « Ok, I’m going to stitch him up, you can let go. » Il a retiré la gaze d’un geste net qui laissait entrevoir une petite expérience dans le domaine, et j’ai entrepris de recoudre la plaie d’Elvis comme j’avais appris lors de ma formation. L’aiguille qu’on enfonce à moitié de la profondeur de la blessure, l’espace entre les points, le nœud plat qu’on réalise à l’aide du ciseau, tout. « That’s beautiful doc’! » M’encourageait Glider. « Thank you. » J’ai répondu avec un petit sourire touché. « The wound was clean, so he should be fine. Still it’d be good if you could get your hands on some penicillin to prevent any infection. » Je déballais mon ordonnance sans lâcher l’épaule d’Elvis des yeux, concentrée sur mon ultime nettoyage post-opératoire. « Alrecht ‘en I’m gonna gie ‘em boys. »

Glider a libéré Elvis de son bâillon puis il a ouvert la porte de la chambre. Kyte est rentré aussitôt et je me suis demandée depuis combien de temps il attendait derrière. Il nous a regardé avec les mains sur les hanches et l’expression du père de famille qui récupère tous ses enfants aux urgences. « What the hell happened in here? » Il a demandé d’un ton de reproches et Elvis s’est fait un plaisir de lui expliquer toute la situation. « Went after them assholes who ran you out the road. Turns out asshole had a gun. Shot me. Almost killed Phoenix too. » Kyte a secoué la tête en faisant un roulement de sa main comme pour accélérer ce résumé déjà pas mal concis. « Yeah, I know. I know. I mean what happened here! » Il a précisé en désignant le rideau de douche trempé de sang, ma face ébouriffée et Elvis agonisant. « Your kid here just patched me up. » Kyte nous a fait son regard d’aigle pas content, puis d’un coup il a donné une claque dans le dos de Phoenix qui avait le malheur de se trouver à côté puis il a levé les bras au ciel avec un cri de lamentation. « Aw nawh! You mean I missed out on all the fun?! » J’ai un peu rigolé parce que c’était tout lui et aussi parce que j’étais soulagée de voir qu’il allait bien malgré sa chute. « You guys are gonna need patching up too? » J’ai demandé en appuyant délicatement sur les bords du pansement maison d’Elvis pour être certaine qu’il adhérait bien à sa peau. « Nah, we’re good. » Kyte m’a assuré avec un truc qui ressemblait pas mal à de la fierté dans son regard. Il m’a fait une petite pression sur l’épaule et une fois encore j’ai été frappé par la familiarité de cette scène comme c’était pas la première fois que je me retrouvais à soigner des vieux lascars dans son genre après que la soirée ait tourné au vinaigre. C’était effrayant autant que c’était réconfortant de voir à quel point cette vie-là elle m’attendait au détour du chemin, prête à m’attirer dans ses rouages. Parfois, j’en venais même à demander si je ne ferais pas mieux d’arrêter de chercher continuellement à m’en échapper. Dans ces moments-là je me souvenais que j’étais rien qu’une môme aux genoux éraflés qui jouait en haillons dans les dunes de Dublin, et que si mes parents avaient réussi à tromper le sort pour mener une vie de châtelains, ce n’était peut-être pas mon destin. Et c’était sans doute pour ça que je me jetais corps et âme dans tout ce qui m’entraînait à cette frontière des mondes avec laquelle je flirtais dangereusement.

Lumière tamisées, bouteilles qui s’entrechoquaient, rires nerveux et paroles de réconfort sincères se mêlaient dans l’atmosphère étroite de la petite chambre alors que les bikers défilaient au chevet d’Elvis en soutien moral. Toute cette agitation, cette fraternité, c’était soudain trop pour moi. L’instant d’harmonie était passé et alors que l’adrénaline quittait enfin mes veines, je n’aspirais plus qu’à un peu de solitude. « Go easy on him, he needs to rest. » J’ai prévenu la troupe, bien impliquée dans mon rôle d’infirmière des hors la loi. J’ai rangé mon kit avec des gestes las et je suis allée dans la salle de bain, à la recherche d’un endroit calme et de savon pour nettoyer le sang sur mes mains. J’ai joué avec l’eau brûlante qui coulait comme une cascade, les yeux fixés sur les volutes de vapeur qui s’en échappaient comme des petits fantômes que je regardais sans les voir. J’avais l’esprit vide, je pensais à rien. Je ressentais rien et je n’entendais plus rien non plus. Je ne me posais aucune question. Et après les évènements de la soirée, je m’accrochais à ce néant comme on se raccroche à son sommeil le matin, quand on sait que l’instant fugace ne va pas durer et que le cours de la réalité va brusquement nous rattraper pour nous gifler de sa violence.    
 

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follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.

:l::



Dernière édition par Jameson Winters le Sam 25 Avr 2020, 19:05, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: Nous rêvions juste de liberté ➶ Phoenix Nous rêvions juste de liberté ➶ Phoenix - Page 4 EmptySam 19 Jan 2019, 19:56


nous rêvions juste de liberté
“This life is short, baby that’s a fact, better live it right, you ain’t comin back. Gotta raise some hell, ‘fore they take you down. Gotta live this life. Gotta look this world in the eye. Gotta live this life until you die”
On a roulé comme ça à fond la caisse, couchés sur le réservoir de nos bécanes, écrasés par la stupeur et la peur, le sang glacé dans les veines et dans ma tête ça oscillait entre la vigilance exacerbé qui frôlait la paranoïa et le marécage poisseux qui me tirait dans les limbes d’un esprit plutôt mal foutu et je comprenais pas comment on pouvait être au septième ciel une seconde et six pieds sous terre la suivante alors que bordel c’était l’histoire de ma vie et chaque fois que je voyais Elvis qui vacillait devant j’avais le cœur qui s’enrayait et je me disais que j’étais vraiment le roi des cons et qu’il avait pas intérêt à crever putain. Et alors je sais même pas comment il a fait avec son sang qui se vidait partout sur l’asphalte mais Elvis il a tenu bon et quand on est arrivé devant le motel avec Ryder on a foncé droit sur lui pour l’aider à descendre de sa meule. A l’évidence j’avais le corps aussi déséquilibré que la cervelle mais je me suis miraculeusement pas rétamé quand il s’est écrasé sur moi de tout son poids et alors on l’a embarqué jusqu’à la chambre isolée que Glider venait d’ouvrir au fond du parking et on allait pour y déposer notre trésorier quand Jaimie nous a foncé entre les pattes en nous demandant d’attendre et comme ça elle est partie arracher le rideau de douche pour recouvrir le lit avec. On l’a tous regardé faire avec un mélange d’hébétude et de respect comme c’était sacrément malin et je pense qu’on s’est tous un peu demandé comment elle avait pensé à ça aussi, si elle avait déjà vécu un truc pareil, si elle avait juste maté un peu trop de films, ou si on avait à faire à une méticuleuse tueuse en série. J’ai souri brièvement mais les râles de mon pote qui s’allongeait laborieusement m’ont vite ramené à la réalité et alors j’ai vu Glider tâter son futal et pour pas perdre de temps je lui ai filé le coutelas accroché à ma ceinture et quand il a commencé à libérer la plaie d’Elvis les cris de lamentations de ce dernier ont redoublé et on savait pas trop si c’était à cause de la douleur ou parce qu’on déchirait sa belle combinaison. Ça m’aurait sûrement fait rigoler en d’autres circonstances mais cette fois je suis resté tout rigide avec la culpabilité qui pesait une tonne dans le bide et j’avais l’impression qu’elle me faisait disparaître dans le sol même. Et puis d’un coup, j’ai senti les doigts tout gelés de Jaimie se refermer autour des miens, comme si elle cherchait à me ramener doucement à la surface, et alors j’ai serré sa main fort dans la mienne et je m’y serais bien cramponné comme à une bouée de sauvetage dans le sable mouvant de mes pensées mais aussitôt elle m’échappait encore, se dirigeant vers Glider pour proposer son aide comme elle « avait déjà soigné quelques blessures par balle ». Là je dois bien dire que je suis resté interdit perplexe comme un con avec les yeux qui clignent tous seuls et ensuite je l’ai vu étaler ses ustensiles pour rafistoler mon pote à savoir une pince à épiler et un kit de couture et alors on va pas se mentir j’ai perdu quelques couleurs encore. Je voyais pas net, je pensais de travers, mais elle non, elle, elle gardait son sang froid, et j’en revenais tellement pas de tout ce sang froid que je restais planté là plein de béatitude et de questions aussi, parce que je me demandais de plus en plus à qui j’avais à faire. Et puis Ryder a décrété qu’on servait à rien ici et peut-être qu’il avait raison et peut-être qu’il avait eu son quota d’hémoglobine pour la soirée, toujours est-il qu’il m’a poussé vers la porte et ensuite on était dehors.

« You good ? » il a grommelé, les yeux rivés sur son paquet de clopes alors qu’il en prenait une et me tendait le reste. « Yeah » j’ai glissé celle qui dépassait entre mes lèvres et il a regardé au loin : « Still got blood on your face by the way » « Shit » et le silence est retombé. J’ai allumé la cigarette et j’ai jeté un coup d’œil aux chiottes publiques plus loin, j’ai voulu y aller pour me rincer la gueule sauf que mon corps devait plus tenir la cadence vraisemblablement parce que mes jambes ont commencé à lâcher et alors je me suis laissé glisser par terre en essayant de garder mon air de rien. J’ai tiré sur ma clope, j’ai laissé la fumée remplir mes poumons et j’ai tout recraché d’un coup. Les yeux dans le néant, le gouffre sous mes pieds, j’avais l’impression que la terre avait tourné plus vite que moi, qu'elle s'était retournée sur ma gueule. Je me repassais la scène sans cligner et ça tournait en boucle dans ma tête : pourquoi ce connard avait un flingue, pourquoi il avait voulu se la jouer cowboy, pourquoi l’autre baltringue avait sortie une hache et d’ailleurs pourquoi il gardait une putain de hache dans son magasin bordel il aurait pas pu avoir une batte de baseball comme tout le monde ?! Je comprenais pas comment tout avait pu parti en couille à ce point et pourquoi toute cette merde m'avait envoyé valser dans le passé pour revisiter la mort de ma mère comme si j’y étais, jusqu’à sentir l’odeur de notre ancienne baraque ma parole rien que d’y penser ça me foutait la gerbe. Pourtant des trucs moches j’en avais vu dans ma vie, et pas qu’un peu, les bastons qui dégénèrent, les types qui overdosent, ceux qui pètent les plombs au mitard et se libèrent à coup d’os de poulet dans les veines... j'en avais vu et ça m'avait jamais déphasé comme ça et je connaissais même pas la raclure ! Alors pourquoi ça me déglinguait autant ? Pourquoi j'avais le tète qui tremblait dedans ? « Gotta keep your shit together man » a lancé Ryder comme s’il avait lu dans mes pensées, ou peut-être qu’il lui avait suffit de jeter coup d’œil à ma sale trogne vitreuse. « I am... » j’ai menti, blindé sous une cuirasse qui n'avait qu'en apparence l'indifférence. Mais il avait raison, fallait que je me reprenne, ça devenait lamentable. J’ai jeté la clope qui s’était entièrement consumée entre mes doigts et puis brusquement Ryd m’a flanqué une grande claque dans le dos et j’ai mis un moment avant de capter que c’était sensé être un geste de réconfort. Ryder il avait tellement pas l’habitude des contacts physiques pour le soutien que ça rendait jamais tout à fait juste quand il essayait. Une fois la surprise passé, j’ai pas pu réprimer un demi sourire et j’ai secoué la tête. N’empêche, il était peut-être pas doué pour réconforter avec des mots ou même des gestes, mais il était là, et il y avait toujours un genre de sérénité belle dans sa présence, comme s’il avait vachement recul sur la vie et que rien pouvait le déraciner, et alors rien qu’à le regarder on perdait de l’inquiétude un peu. On s’est pas dit un mot de plus comme il y avait rien à dire et on a juste continué de fumer en essayant de plus trop penser à ce qu’il s’était passé et aux cris étouffés d’Elvis qui se faisait charcuter derrière. Parfois Ryd éconduisait plus ou moins poliment les quelques passants qui avaient le malheur de s’aventurer par-devers nous mais je crois que ma gueule pleine de sang c’était pas pour les mettre en confiance et puis j’ai pensé à Jaimie aussi qui aurait probablement pas envie de me regarder comme ça alors au bout d’un moment j’ai fini par prendre sur moi et j’ai levé mon cul et j’ai été me passer la tête sous l’eau. J’avais surtout envie de prendre une foutue douche mais pour l’instant je devais me contenter de ça alors c’est ce que j’ai fais, et comme j’ai pas aimé le regard que j’ai croisé dans le miroir j’ai torché ça au plus vite et je suis ressorti dare-dare. Dehors, Ryder était toujours exactement là où je l’avais laissé : « They still at it? » « Yep » Je me suis assis à côté de lui et il m’a filé une nouvelle cigarette et c’était presque compulsif à ce stade : « Guess it’s a good thing we picked that chick up on the side of the road huh? » qu’il a lancé nonchalamment et je sais pas pourquoi mais dans son ton on sentait que ça lui coûtait de le dire. « Don’t reckon she’s all that stoked right now though, with Elvis screaming her ear off and all » j’ai lancé pour essayer de le faire sourire un peu même si en vrai les raisons de la potentielle contrariété de Jaimie s’étendaient sûrement bien plus loin que les râles d’hérisson de notre trésorier, elle aurait de quoi. Il a pouffé en haussant les épaules et il a enchainé : « Seems to me she was doing okay back there. ‘t’s cool. She a med student or something? » « Um… j’ai soufflé la fumée que j’avais dans les poumons et j’ai regardé un long moment dans le vide comme un con, I don’t know… I don’t think so, no… actually I have no idea » j’ai fini par avouer en réalisant que j’en savais rien pour la simple raison que je lui avais jamais posé la moindre question sur ce qu’elle faisait dans la vie. A ce stade de la relation (qui avait commencé la veille hein, rappelons le) elle savait plus ou moins tout de mon parcours, de mes bastons dans le préaux à la raclure de psy et de ses diagnostiques d’enfoiré présomptueux, au cours de boxe et à la plonge en passant par la taule et le MC et la route et l’adage gravé sur ma chevalière et même l’orphelinat et Robin ma parole ! Bon sang je lui avais déballé toute ma vie comme un connard et moi d’elle je savais quoi ? Qu’elle aimait la nature et qu’elle trainait avec des pénibles ? Bordel de merde comment j’avais pu laisser passer ça ? Je me suis pincé les lèvres en m’attrapant le menton tellement j’en revenais pas et tellement d’habitude c’était l’inverse et j’ai contemplé cette aberration un moment et je me suis dis que dés que les choses se calmeraient j'allais devoir me rattraper au plus vite. Ensuite des moteurs pétaradants comme des batteries de canon au milieu de la nuit silencieuse ont capté mon attention et j’ai tourné la tête vers mes potes qui rappliquaient et quand j’ai vu qu’ils étaient tous en un seul morceau je me suis forcé à me lever pour les accueillir comme il se doit avec accolades et compagnie. Après ça le grand type louche a demandé ce qu’on avait foutu et j’ai repris une latte pour donner l’impression d’être vachement occupé alors c’est Ryder qui s’est chargé de raconter l’affaire en trois mots et demi et sans rentrer dans les détails comme c’était pas un grand bavard non plus. Et alors là Kyte il a balancé ses bras dans les airs en grognant et j’ai cru qu’il allait se révolter contre la sale affaire mais non, il était juste dégouté d’avoir « manqué toute l’action », ce fondu ! J’ai secoué la tête mais quand même j’ai pas pu m’empêcher de sourire et alors Happy il a demandé aux prospects de ramener les bières qu’ils avaient pris le temps d’acheter sur la route apparemment et on a bu quelques coups en attendant la fin de « l’opération » et moi j’avais un peu de mal à me détendre avec les grognements d’Elvis derrière mais vraisemblablement y avait que moi.

Ensuite Glider a ouvert la porte et alors Kyte s’est précipité dans la chambre devant tout le monde et encore il a demandé ce qu’il s’était passé, m’a collé une grande claque dans le dos sans raison apparente et a refait la même blague sur l’action qu’il avait loupé parce que vraiment il fallait que tout le monde l’entende et alors tout le monde l’a entendu et tout le monde s’est esclaffé et voilà, il était content. Moi je me suis dirigé droit sur Elvis qui était pale comme un cul et qui avait la gueule pleine de sa propre bave aussi mais qui était vivant surtout et c’est tout ce qui importait alors j’étais méchamment soulagé. « You look like shit » je lui ai lancé pour lui transmettre mes sympathies. « Blow me » il a répondu et alors j’ai souri et il a souri et tout allait bien. « Allrecht troaps jist swatch 'at bonnie wark! » a soudainement gueulé Glider qui avait visiblement retrouvé toute sa bonne humeur et entreprenait à présent de secouer l’épaule endolorie d’un Elvis grognant tandis que les autres se rassemblaient à son chevet. « Canny lassie did thes aw by herself, pure deid FANTASTIC, int it no?! Awbody say ‘thenk ye doc’! » Et alors comme ça tout le monde a répété à l’unisson comme des enfants de chœurs et avec l’accent en prime et on a levé nos bières à la santé de notre héro de guerre et on s’est envoyé tout ça dans le gosier. Une fois ces flatteries exprimés et ces gorgées avalées, Glider est parti raconter tous ces exploits aux autres et Elvis a profité de ce moment de répit pour me chopper par le col comme pour me dire un secret et comme il faisait pitié à pas avoir de force je me suis penché un peu et alors là, avec toute l’intensité d’un vieux roi mourant désireux de susurrer ses dernières volontés à son unique héritier, il m’a soufflé d’une voix pantelante : « Phoenix… the girl… she’s a keeper… » J’ai haussé les sourcils à la désinvolture en me redressant : « Right, right... so she can keep saving your ass whenever that it? You know you told me the exact opposite this morning, you delusional old man? » « I know what I’m saying you little shit, but I got shot for Pete’s sake! And I’m telling ya, you don’t meet a chick like that on every street corner! Now go fetch me a beer! » Je crois qu’il était pas aussi cohérent qu’il le pensait, je comprenais pas d’où sortait sa soudaine bénédiction surtout qu’on va pas se mentir, je le savais déjà, tout ça, et puis son estimation de la valeur d’une nana sur sa capacité à pouvoir lui sauver le cul (ou réparer mes conneries) ça me paraissait relativement foireux quand même, tout comme son discours vaseux qui ressemblait méchamment à celui du vieux pruneau d’empereur à la fin de Mulan d’ailleurs, mais bon… je suppose que c’était important pour lui, et puis comme j’étais drôlement content qu’il ait pas clamsé (d’autant que c’était un peu ma faute s’il avait failli) j’ai pas fais d’histoires et j’ai été lui chercher sa bière.

Et la soirée a repris son cours, avec bouteilles qui se cognent et tapes dans le dos et grands éclats de rire. Sauf que j’étais pas dedans. Les autres avaient l’air de vouloir faire la fête pour relâcher la pression et se remonter le moral (sauf Kyte et Happy qui avaient l’air sincèrement aux anges), et moi je pouvais pas m’empêcher de penser à ce type qui était mort et j’y étais clairement pas pour rien et c’était peut-être une belle baltringue dans le genre mais ça voulait pas dire qu’il méritait de crever comme ça pour autant. Et puis comment on était sensé faire confiance à l'autre fondu avec sa hache et croire qu'il allait pas nous balancer les képis aux trousses aussi ? D'un coup, j’ai repéré Jaimie du coin de l’œil qui s’éloignait dans la salle de bain d’un pas trainant avant de se laver les mains comme au ralenti, le regard méchamment hanté. J’ai hésité un moment à aller la rejoindre ou à lui foutre la paix mais avant que j’ai pu prendre ma décision j’ai réalisé que j’étais déjà à mi-chemin comme aimanté et alors je me suis appuyé contre la porte à côté d’elle et je l’ai regardé encore : « Hey, j’ai lancé doucement pour pas la faire flipper, thanks for patching up Elvis. We’re… really fucking lucky to have you » Et je pesais mes mots. Je l’ai regardé qui fixait la vapeur d’eau bouillante qui s’échappait du robinet et rougissait ses belles mains au passage, ses sourcils un peu plus froncés que d’habitude, son visage complètement fermé. Je me suis pincé les lèvres. « …You okay? » j’ai demandé comme si la réponse était pas évidente. Et c’est le moment qu’à choisi Happy pour me sauter sur le dos, me coller une mignonnette sous le nez et un bisou massif sur la joue, un foutu grand sourire fendant sa tête d’œuf luisant de part en part. Happy, les mots comme grièveté, peur et remord, je crois ça faisait pas faire partie de son vocabulaire. D’un autre côté avec la vie qu’il s’était tapé et les trucs qu’il avait dû faire pour sauver son cul et celui de sa mère depuis tout petit, je comprenais comment dans sa tête un type qui crève après l’avoir renversé c’était presque anodin, justifié au fond. Ceux qu’il avait buté il s’en était même fait des tatouages : un petit smiley qui sourit sur l’abdomen, un pour chacun. « I’m good man thanks » j’ai répondu mais comme il insistait j’ai attrapé sa putain de fiole et comme ça, satisfait, il est reparti en virevoltant vers les autres. Je les ai regardé picoler et s’esclaffer et peut être que j’aurais dû me joindre à eux moi aussi mais je suis juste resté là, collé contre la porte. J’avais besoin d’air, et je crois que Jaimie c’était un peu pareil, sauf que j'avais plutôt l'impression qu'en cet instant je faisais parti du lot qu’elle essayait de fuir alors je me suis retourné vers elle et j’ai dis : « I get it if you'd rather be on your own. I’m sorry. Just know I’m here… whatever you need. I’ll be outside. I’ll get the rooms. » Et, joignant le geste à la parole, je me suis décollé de la porte et je me suis cassé, direction la réception.

Starseed

bonus, pour le bonheur de tous:


Dernière édition par Phoenix Ellsworth le Lun 04 Fév 2019, 19:16, édité 1 fois
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Jameson Winters
Jameson Winters
la louve raffinée
la louve raffinée
Présent
ÂGE : quarante-six ans.
SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi.
STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain.
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RPs EN COURS : Christmasbin [7]Alex

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PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.

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ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.

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LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.

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GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.

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KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.



RPs EN ATTENTE : Phoenix [3]Phoenix [f.b.]Bosie me boy [d.f.]Slasher Night ↟ Robin [4] ↟ Robin & Phoenix [r.a. 2]

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AVATAR : Maggie Siff
CRÉDITS : Birdiesnow (avatar), anaëlle. (signature), loonywaltz (UB), mapartche (dessin <3 )
DC : Aisling l'effeuilleuse prude
PSEUDO : Whitefalls/Whitewolf
INSCRIT LE : 08/03/2016
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NOUS RÊVIONS JUSTE DE LIBERTÉ
phoenix & jameson | australie, 2003

Tout n’était que brouillard, une nappe épaisse et opaque qui engourdissait mes membres et mes pensées. Les rires et les claquements de voix en provenance de la chambre m’apparaissaient comme lointains, irréels. Comme si je n’étais pas tout à fait là, ni à ma place dans ce monde. Seule l’eau brûlante sur mes mains glacées me rattachait encore à la réalité et je m’infligeais cette agréable torture avec une sorte de satisfaction pleine de lassitude. Quelque part dans mon dos la voix de Phoenix retentissait et j’ai mis un moment avant de comprendre qu’il s’adressait à moi, pour me remercier et me demander comment je me sentais. « I… » J’ai tenté sans trop savoir ce qui allait sortir, ma voix rauque résonnant étrangement à mes oreilles. Mais quand j’ai relevé les yeux vers le miroir recouvert de buée, j’ai vu qu’un de ses potes l’avait déjà accaparé pour lui mettre une mignonnette entre les pattes. Le moment était passé, alors je me suis dit que ce n’était pas grave et c’était peut-être mieux ainsi comme je sentais la torpeur m’aspirer encore un peu plus profondément dans son antre protecteur. Absorbée par les sensations et le bruit des gouttelettes qui cognaient contre l’émail jauni du lavabo, c’est à peine si je percevais ses paroles mais ça n’a pas empêché mon cœur de se contracter. Je me suis demandé si j’avais besoin d’être seule et peut-être bien que la réponse était oui, mais une chose était certaine c’est que je n’en avais pas envie comme je préférais largement être avec lui. Le temps que cette vérité remonte à la surface et que je me détourne de la flotte, il était déjà parti. Alors j’ai fermé le robinet, attrapé une serviette pour me sécher les mains, et je me suis rapprochée de la porte.

« That’s my boy! » Lançait Happy en déboitant l’épaule de Phoenix un peu plus loin. L’éclairage trop vif m’agressait les yeux, mais ça ne m’a pas empêchée de voir la démence dans son sourire. « Fucker had it comin’, bro. Like, a lot! Would’a been happy to get his mug inked... » D’une main, il a soulevé son tee-shirt pour révéler un tatouage sur son flanc. J’ignorais comment interpréter cette joie tintée de colère ou ces petits smileys lugubres ancrés dans sa chair, mais je ne pouvais lutter contre un sentiment de malaise qui enflait dans mes tripes alors je me suis repliée dans l’ombre salvatrice de la salle de bain. Adossée au mur, les jambes repliées contre mon corps et la tête posée sur mes genoux, j’ai essayé de faire le tri dans les pensées qui me fuyaient, me refusant la clarté à laquelle j’aspirais comme si elles se doutaient que je n’étais pas prête à les affronter. J’avais l’impression que tout m’échappait et ça me donnait le vertige de voir à quelle vitesse j’avais perdu le contrôle de la situation. Comment à écouter naïvement mon cœur, je m’étais encore retrouvée embarquée dans une affaire complètement louche, avec des types comme Kyte de partout qui trouvaient ça normal de buter un mec juste parce qu’il conduisait comme un tocard. Mais Phoenix n’était pas comme eux. Il avait juste du mal à gérer son impulsivité, et il ne me l’avait jamais caché. Il ne pouvait pas non plus savoir à quel point ça dégénèrerait. J’ai revu ses traits tirés et le pincement de ses lèvres pâles et j’ai ressenti le besoin impérieux de le retrouver. Ça m’a donné la force de me relever, mais c’était sans compter Elvis qui voulait pisser et a profité de ce moment précis pour m’intercepter. « Thanks for fixing me, doc. » Il a dit d’un ton important en attrapant mon épaule.  « Oh, no problem. I’m just glad you’re ok. » J’ai répondu avec un petit sourire lointain qui ne lui a pas échappé. L’air circonspect, le regard trop plein de prévenance, il me dévisageait avec la trogne du type à qui on ne peut rien cacher. « The question is, are you ok? That shit was brutal. You ain’t gonna disappear in the midst of night and seek shelter with the coppers, are you? » J’ai froncé les sourcils et secoué la tête, plutôt offensée par son insinuation, parce que je ne trahirais jamais Kyte, ni Phoenix d’ailleurs. « No! I mean, I’m ok, and I’m not a rat! » J’ai répliqué avec une belle assurance, ignorant totalement la petite voix qui me disait que je pourrais aussi m’évanouir dans la nuit noire sans passer par la case flics. « It’s just a lot to take in, you know? I mean is it ok to stay here with everything that’s happened? Can we even trust this guy not to tell on us? » Elvis plissait les yeux comme s’il ne comprenait rien à toutes mes questions, puis son visage s’est éclairé d’un coup. « Oh, you mean the shopkeeper? » Et comme j’hochais frénétiquement la tête, il a continué : « Yeah, we can trust him. Don’t you worry about that sweet cheeks, he’s a brother. It’s safe. » Rassurée, j’ai fait un geste pour m’esquiver mais au lieu de me lâcher, Elvis a resserré sa prise sur mon épaule, et vu l’intensité étrange qui brillait dans le fond de ses petits yeux, ça n’avait pas l’air d’être uniquement pour garder l’équilibre. « This thing, between you and Phoenix… » Il a médité avec un air grave et quand j’ai voulu protester pour lui dire de ne pas mettre son petit nez musqué dans nos affaires – d’autant plus que je ne savais pas vraiment ce que c’était que ce truc entre nous, et j’avais surtout pas envie de me poser la question maintenant – il a écarquillé les yeux d’un air mauvais et beuglé « ALL I’M SAYIN! » pour bien couvrir mes paroles aux cas ou, avant d’enchaîner sur une tirade pleine de tendresse et un poil dramatique. « I love this Kid. He’s a bit messed up in the head but he ain’t your typical shot caller and trouble maker. He’s got a pure heart of gold. » Il a assené en pesant bien ces derniers mots, ses doigts boudinés broyant mon épaule en rythme comme pour battre la mesure. Je ne savais pas très bien où il voulait en venir alors je me suis contentée de hocher la tête parce qu’il ne m’apprenait rien de bien nouveau comme j’avais eu tout le loisir de le découvrir au cours de nos escapades. Puis j’ai fini par comprendre que le vieux biker s’improvisait entremetteur et j’ai hésité entre rire nerveusement ou prendre la fuite sans demander mon reste sauf que j’en avais pas trop l’occasion vu comme il me clouait sur place. « You could be good for him. Help channel his rage thing… give him a reason to stay alive and out of trouble. » Je ne saurais expliquer ce que ces mots ont éveillé en moi ; je savais juste que c’était intense et que c’était dangereux. Alors il m’a fallu une seconde pour me recomposer, secouer la tête avec une désinvolture toute feinte et esquisser un sourire peu convaincu. « Yeah… ‘cause that really worked out these past few days, right? » Elvis a rigolé en secouant la tête mais ça s’est terminé en râle étouffé comme la douleur finissait par le rattraper alors je l’ai aidé à se rapprocher des toilettes et j’ai fait signe à un type près de la porte de prendre le relais. « You should really try to get some rest. » Après ce conseil, j’ai vite déserté la salle de bain avant que notre niveau d’intimité ne dépasse la limite du supportable.

Il régnait dans la chambre une sorte de lourdeur festive dans laquelle je n’avais aucune envie de m’enliser alors j’ai traversé la pièce en rasant les murs, évitant les bikers et leurs discussions animées. Je me sentais comme un fantôme parmi les vivants, incapable de comprendre ce qu’ils célébraient ou ressentaient. Une fois sur le parking, j’ai laissé l’air boisé de la nuit emplir mes poumons et vivifier mon esprit. Habitués à la pénombre, mes yeux n’ont pas tardé à repérer la silhouette de Phoenix qui errait un peu plus loin, les mains dans les poches et la tête visiblement ailleurs. Je l'ai rejoint comme par réflexe, et je sentais une sorte de soulagement enfler dans ma poitrine à chaque pas qui nous rapprochaient. « Hey… » J’ai soufflé en posant ma main sur son avant-bras pour le tirer de ses pensées en douceur. « Sorry about earlier, I was a bit out of it. » Un coup d’œil à son visage m’a appris que lui aussi, et peut-être même encore plus que moi. Forcément, après ce qu’il venait de vivre ! Je pouvais presque sentir la culpabilité et la nervosité courir dans ses veines, alors j’ai mis de côté mon envie de me blottir dans ses bras et d’inspirer son odeur pour oublier tout le reste, parce que je me doutais bien qu'il en faudrait un peu plus pour l'apaiser. « It’s gonna be ok, ye know? » Devant son manque de conviction, j’ai pris sa mâchoire entre mes mains et caressé sa peau douce de mes pouces pour l’encourager à croiser mon regard. « He’s out of the woods; already kickin’, partyin’ and throwin’ words of wisdom away. » J’ai dit avec un petit sourire en coin pour essayer de détendre l’atmosphère. J’espérais que ça fonctionnait, mais j’avais du mal à faire taire ses craintes alors que les miennes rongeaient subrepticement mes propres terminaisons nerveuses. « You sure weren’t lying about the adventure hiding behind every corner. » J’ai exhalé avec un petit rire fébrile censé dissimuler tout ça. La tête légèrement inclinée, j'ai laissé mon regard errer vers la nature au loin qui semblait receler de tant de promesses encore. Il était clair que je ne pouvais plus prétendre me focaliser sur le présent en ignorant nos passés respectifs et leur incidence sur le futur. J’avais besoin de savoir dans quoi je mettais les pieds, c’était le seul moyen de calmer mon instinct détraqué et les doutes qui refaisaient surface dès qu’il me semblait déceler un truc alarmant ou qui bousculait un peu mon quotidien. « Is it always like this? » J’ai donc fini par demander, cherchant dans son regard la réponse qui effacerait toutes mes incertitudes.  


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ce serait dommage de s'en priver:


follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.

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Dernière édition par Jameson Winters le Dim 10 Fév 2019, 11:38, édité 2 fois
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Message(#) Sujet: Re: Nous rêvions juste de liberté ➶ Phoenix Nous rêvions juste de liberté ➶ Phoenix - Page 4 EmptyMer 06 Fév 2019, 21:06


nous rêvions juste de liberté
“This life is short, baby that’s a fact, better live it right, you ain’t comin back. Gotta raise some hell, ‘fore they take you down. Gotta live this life. Gotta look this world in the eye. Gotta live this life until you die”
En traversant la foule des barbus qui étaient trop nombreux et trop épais pour la minuscule piaule de misère dans laquelle ils s’étaient tous engouffrés j’ai entendu Happy qui m’encensait comme si j’avais buté la raclure et comme si y avait quoi que ce soit de glorieux là-dedans et j’avais pas envie d’entendre cette merde alors j’ai juste tracé tout de droit jusqu’à ce que je sois enfin dehors où l’air frais de la nuit m’a accueillie comme une bonne baffe dans la gueule et je l’avais pas volé celle-là. Je suis resté un moment sur le palier alors que la porte se refermait derrière moi, étouffant le brouhaha dans la foulée. Devant, le panneau lumineux du motel auquel il manquait des lettres clignotait au bord de la route pour signaler qu’il restait des ch mbr s et ça m’étonnait pas trop vu sa gueule. J’ai pris une grande inspiration et j’ai soufflé avec les joues gonflées et je m’attendais presque à ce que le silence m’apporte enfin la quiétude que je recherchais désespérément sauf qu’en fait avec tout ce rien j’entendais plus que mes pensées ce qui était pas loin d’être pire comme chaos. Résigné, j’ai sorti la boite en fer de pastilles à la menthe qui était dans la poche interne de ma kutte et que j’avais totalement oublié jusque là et j’en ai sorti un pétard que j’ai calé entre mes lèvres avant de l’allumer et de m’envoyer une grande bouffée dans les éponges histoire de me détendre. J’ai retenu ma respiration... et puis j’ai soufflé en toussant. C’était Robin qui me l’avait roulé celui-là, « pour la route », je le savais parce qu’il était massif et chargé à bloc et qu’il y avait presque pas de tabac dedans. La boite c’était son idée aussi, évidemment. Une pensée en emmenant une autre j’ai sorti mon clip-clap et j’ai regardé mes messages reçus. Il y en avait trois : le premier, de Ryder, pour me demander ce que je faisais et vu l’heure à laquelle il l’avait envoyé la réponse ça devait être « Jaimie » ; le deuxième c’était Kane qui m’annonçait que j’étais bel et bien viré et que c’était pas la peine de revenir, comme si je me serrais rabaissé à ça ; et le dernier en date c’était Robin, quelques minutes plus tôt, pour donner des nouvelles farfelues et en demander surtout. Elle écrivait tellement mal pour raccourcir les mots au maximum avec son langage texto dégueulasse que c’était presque illisible et je comprenais pas comment avec tout ça elle réussissait quand même à bouffer tout son crédit en quelques jours à peine. J’ai secoué la tête avec un sourire en coin. N’empêche, elle avait vraiment un genre de super pouvoir flippant pour écrire toujours quand il se passait un truc comme ça ou que je pensais à elle, comme si elle sentait le délire à distance. « All good here love you » j’ai répondu avant de refermer le portable et de le refoutre dans une poche où je l’oublierais encore pendant des lustres probablement. Mollement, j’ai donc pris le chemin de la réception à travers le parking désert, notant au passage que pile au moment où Elvis avait arrêté de pousser des râles suspects y avait miraculeusement plus personne pour trouver ça louche à des kilomètres à la ronde. Ensuite mon regard s’est attardé sur un distributeur rouge qui se dressait dans un coin alors je m’en suis rapproché sans grande conviction en sirotant la mignonette dégueulasse d’Happy et j’ai regardé les options. J’avais pas faim mais je me suis dis que Jaimie et les gars peut-être alors j’ai pris deux-trois friandises et puis je me suis souvenu que Jaimie mangeait pas n’importe quoi alors j’ai pris les chips comme ça me semblait le choix le plus sûr et quand même j’ai regardé les ingrédients sauf que je voyais rien et puis ça avait l’air correct de toute façon alors j’ai juste glissé le tout dans la poche arrière de mon fut’ trop large et j’ai repris la route. J’étais plus qu’à quelques mètres de l’entrée de la réception quand j’ai entendu la voix de Jaimie qui m’interpelait derrière. Je me suis retourné en tirant sur mon bedo et aussitôt je l’ai jeté par terre alors qu'elle arrivait à ma hauteur. Je sais pas pourquoi j’ai fais ça, elle m’avait jamais dit que ça la dérangeait que je fume. « Nothing to apologise for darling » j’ai répondu quand elle s’est excusé d’avoir été déphasée plus tôt dans la salle de bain, comme si c’était pas normal après ce qu’elle venait de vivre, comme si elle avait pas déjà géré mieux que nous tous réunis. « You were amazing » Je voulais pas croiser son regard parce que je savais que le mien il manquait cruellement d'aplomb à ce moment-là et je voulais pas qu’elle me prenne pour une baltringue ou craquer encore plus devant sa tendresse mais ensuite elle a pris mon visage dans ses mains pour me forcer à la regarder dans les yeux et je me suis pincé les lèvres. Elle était tellement belle au milieu de tout ce bordel bon sang, ses yeux tellement doux, tellement tristes, tellement plein d’innocence, ça faisait presque un choc de la regarder, comme si elle avait été découpée d’ailleurs et collée là par erreur. Elle a commencé à raconter que tout allait bien se passer, qu’Elvis était sain et sauf, tout ça, et je savais qu’elle essayait de me rassurer et ça m’énervait d’avoir merdé au point qu’elle s’imagine que c’était son rôle. J’ai hoché la tête en regardant le sol encore et j’ai regretté la beuh que je venais de balancer arbitrairement. La vérité c’est que j’étais même plus inquiet pour Elvis, j’avais bien vu qu’il allait s’en sortir ouai, et quand même j’étais toujours plombé comme pas permis et je savais pas pourquoi et j’avais aucune envie d’essayer de démêler toute cette mouise non plus ni qu’elle essaie gentiment de m’y emmener comme les nanas pouvaient avoir tendance à le faire parfois, bordel ce serait pire que tout. Du moins c’est ce que je pensais, jusqu’à ce qu’elle essaie de plaisanter plutôt en racontant que j’avais « pas menti à propos des aventures » et j’ai grincé à m’en faire mal aux mâchoires. C’était clairement pas le genre d’aventures que j’avais en tête non, ni ce que j’aurais voulu pour elle, jamais. Et puis histoire d’enfoncer le clou elle a demandé si c’était « toujours comme ça » et cette fois j’ai senti la colère monter pour de bon et j’ai secoué la tête en reculant pour me dégager de son emprise sans cesser de la regarder fixement avec la mâchoire bien serrée : « Of course not! » j’ai aboyé du genre franchement offensé avec mon accent qui ricochait sur tous mes mots comme chaque fois que je m’emportais. Je sais même pas pourquoi je me suis emporté. Parce qu’au fond, elle pouvait pas savoir. On faisait pas parti du même monde, elle connaissait pas le mien, et peut-être que pour une personne normalement constituée ce qu’on faisait c’était déjà complètement barré avec les bastons et les pitreries et tout le reste alors dans sa tête peut-être qu’une fusillade et un tocard qui se prend un coup de hache dans la gueule à s’en faire péter la cervelle sur le carrelage c’était du pareil au même, je sais pas. J’ai regardé autour de nous en prenant une grande inspiration comme si je manquais d’air et c’était un peu le cas d’ailleurs : « No, it’s not, j’ai repris plus calmement, that shit was fucked up. You should never have seen that. I should never have brought you there. I didn’t think it through… obviously that’s what I do, I don’t think shit through » j’ai enchainé en parlant de plus en plus vite et de plus en plus bas comme si je me parlais à moi-même avant de me passer les mains sur le visage et de frotter pour me rassembler. Je perdais de plus en plus le contrôle. Carapace fêlée, j’avais la tête en vrac à des milliers de kilomètres et les poumons écrasés dans le poitrail et fallait absolument que je me ressaisisse. Sous ses airs détachés ça crevait les yeux qu’elle en menait pas large et il y avait de quoi, elle avait pas besoin de se taper mes désarrois à la con en prime. Et je savais pas à quelle occasion elle avait déjà dû soigner des blessures par balle comme elle l’avait dit - surement avec l’autre hippie hargneux d’ailleurs - mais même si c’était pas la première fois qu’elle le faisait c’était évident que ça avait quand même dû sacrément la retourner, tout ce merdier. « It was never supposed to go this far, j’ai repris avec mon air le plus composé possible et c’étais pas fameux, I’m sorry I’ve put you through this. It’ll take a minute to figure shit out. » Je me voulais pragmatique et rassurant mais en vrai j’y étais pas et je crois que ça se sentait pas mal entre le discours fragmenté morne et le regard vide. J’arrivais pas à connecter mon cerveau, à être ce qu’elle attendait de moi, parce qu’elle attendait clairement quelque chose. Mais je savais pas quoi. Indubitablement j’avais plus grand chose du prince charmant que j’avais prétendu être ces deux derniers jours et avec qui elle avait bien aimé fricoter je crois. Sauf qu’en vrai moi je sauvais pas les demoiselles en détresse, je les foutais juste encore plus dans la merde.
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Jameson Winters
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ATELIER I ↟ Robin
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PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.

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ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.

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LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.

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GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.

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KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.



RPs EN ATTENTE : Phoenix [3]Phoenix [f.b.]Bosie me boy [d.f.]Slasher Night ↟ Robin [4] ↟ Robin & Phoenix [r.a. 2]

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AVATAR : Maggie Siff
CRÉDITS : Birdiesnow (avatar), anaëlle. (signature), loonywaltz (UB), mapartche (dessin <3 )
DC : Aisling l'effeuilleuse prude
PSEUDO : Whitefalls/Whitewolf
INSCRIT LE : 08/03/2016
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Message(#) Sujet: Re: Nous rêvions juste de liberté ➶ Phoenix Nous rêvions juste de liberté ➶ Phoenix - Page 4 EmptyDim 17 Fév 2019, 06:34


NOUS RÊVIONS JUSTE DE LIBERTÉ
phoenix & jameson | australie, 2003

« Of course not! » Il m’a fait avec un air d’horreur absolue, la colère et l’indignation marquée partout sur son beau visage. J’ai cligné des yeux, un peu interloquée, et j’ai laissé mes bras retomber le long de mon corps pour le libérer comme je ne savais pas trop si c’était ma façade de désinvolture qui l’avait ainsi heurté ou bien s’il subissait tout simplement le contrecoup de la soirée. Il a pris une grande inspiration comme pour se calmer avant de m’expliquer que non, ce n’était pas toujours comme ça, et je n’ai pas pu m’empêcher de noter qu’il n’avait jamais eu l’air aussi anglais. Il m’a fallu un moment avant de comprendre que c’était à cause de son accent qui s’invitait dans sa tirade effrénée, rythmant les paroles qui s’écoulaient et avec elles son regret de m’avoir amenée là-bas. Ça me serrait la gorge de le voir comme ça, avec l’incertitude qui dansait dans le fond de ses yeux pâles et les adages accusateurs qui s’échappaient de ses lèvres sans le moindre filtre. Je sentais bien qu’il essayait de faire tampon, de se recomposer une contenance pour se protéger ou me protéger, mais ça ne marchait qu’à moitié et je commençais à réaliser à quel point tout ça l’affectait. Quelque part, on avait beau tenter de garder notre sang froid, nos carapaces toutes fissurées peinaient à contenir le trop plein d’émotions qui cherchait à s’en échapper. Mais le plus étrange dans tout ça, c’est que je sentais une vague de calme m’envelopper doucement. Parce que depuis le début de cette aventure, j’avais des images du passé qui ressortaient de nulle part et se mélangeaient dans ma tête avec tous les signaux que je captais en vrac et les parallèles qui s’enchaînaient : les Kuttes et la fraternité, l’alcool et les motos, les filles et les bagarres. Le club de Kyte au Canada, les types qui revenaient en sang parce qu’un différend s’était réglé à coups de couteau, les flics qu’on appelait jamais, les blessés qu’on soignait sur un coin de table avec les moyens du bord. Avec ça, je n’arrêtais pas de me demander pourquoi je me retrouvais toujours au milieu de motards qui cherchaient la violence à chaque coin de rue et buvaient un grand coup pour la célébrer lorsqu’enfin ils la trouvaient. Mais la colère de Phoenix, son désarroi et ses doutes dissipaient le chaos de mes élucubrations en me laissant percevoir à quel point ça pesait différemment sur sa conscience. C’était comme si sa réaction brute et honnête m’apportait la dose de normalité nécessaire pour faire face à cette nuit sanglante.

Alors quand il m’a dit que ça n’aurait jamais dû aller aussi loin, j’étais fin prête à lui balancer tout un tas d’arguments bien ficelés pour lui expliquer que ce n’était pas de sa faute mais clairement celle des deux timbrés de la hache et de la gâchette si la situation avait dégénéré. Sauf que je n’ai même pas eu le temps de l’ouvrir qu’il m’a cloué le bec en s’excusant de m’avoir fait endurer tout ça. J’ai repensé à la façon dont il m’avait écrasée dans ses bras avant qu’on reprenne la route, à son air soucieux alors qu’il me demandait si je tenais le coup ou encore à ses regrets de m’avoir amenée et j’ai réalisé avec stupéfaction qu’une partie de son mal-être venait de sa culpabilité à m’avoir traînée dans cette histoire. Touchée par sa préoccupation, je n’ai pas eu le cœur de protester que c’était mon idée de m’échapper du parking auquel il m’avait cantonnée – ou que si je n’avais pas filé, Elvis ne m’aurait probablement pas suivie non plus et n’aurait pas écopé d’une balle perdue. « Hey, it’s ok. » J’ai fait en secouant la tête avec un bref froncement de sourcils. « I’m sorry I said that. It’s just… the guys, they seem so chill back there. I’m just trying to make sense of all of this. » Je me doutais bien que boire et faire la fête c’était surement une façon d’essayer de se changer les idées, de lutter contre toutes ces images qui s’imprimaient dans nos mémoires : les débris de verre rebondissant sur le sol, la panique et les hurlements, le cliquetis de la gâchette, le coup de feu assourdissant, le grand crac de la hache et puis tout ce sang. Mais moi je ne marchais pas comme ça, j’étais plutôt du genre à enterrer les trucs désagréables tout au fond en espérant que ça ne refasse jamais surfasse. Alors en temps normal j’avais tendance à m’isoler pour gérer ça dans mon coin ; sauf que ce soir la présence de Phoenix semblait offrir un bien meilleur réconfort. Machinalement, j’ai fait rouler une pierre sous la semelle de ma chaussure pour oublier la peur que j’avais ressentie sous ces néons glacés quand j’avais cru le perdre à jamais. Mes yeux errants ont accroché une petite étoile qui scintillait sur l’asphalte, là où une épaisse cigarette roulée à la main achevait de se consumer, et je me suis concentrée sur la sensation apaisante que la danse de ses braises me conférait. « It was a strange night. » J’ai repris comme s’il avait pu suivre le cours de mes pensées, relevant les yeux pour sonder ses pupilles dilatées par la pénombre. « Scary, too. » J’ai senti un sourire-grimace pas tout à fait approprié crisper mes lèvres, comme si je commentais maladroitement le dernier film d’horreur paru au ciné. Lorsque j’ai pris conscience de ce décalage entre ce que je ressentais et ce que j’exprimais, j’ai froncé les sourcils et secoué la tête pour me rassembler. « I mean I was really scared for you. » J’ai précisé d'une voix douce en cherchant encore son regard océan. Je ne me souvenais que trop bien de cette panique cotonneuse qui m'avait envahie après que le tireur ce soit écroulé, lorsque Phoenix s'était comme figé d'horreur sur le sol avec le sang qui glissait inexorablement vers ses pieds. Quelque part, je me suis demandé si c'était pour ça que je cherchais inconsciemment sa présence ; si son simple contact avait le pouvoir de rasséréner les nerfs que cette soirée avait affolés. Encouragée par cette pensée, j’ai fait un pas vers lui pour nous rapprocher et chargé mon petit doigt d’attraper furtivement son pouce. « I’m relieved you didn't get hurt. » J’ai conclu en récupérant doigt par doigt sa main entière, jusqu’à ce que ma paume retrouve sa place contre la sienne.


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Message(#) Sujet: Re: Nous rêvions juste de liberté ➶ Phoenix Nous rêvions juste de liberté ➶ Phoenix - Page 4 EmptySam 20 Avr 2019, 16:25


nous rêvions juste de liberté
“This life is short, baby that’s a fact, better live it right, you ain’t comin back. Gotta raise some hell, ‘fore they take you down. Gotta live this life. Gotta look this world in the eye. Gotta live this life until you die”
Elle s’est excusée de sa voix toute douce et j’ai vaguement haussé les épaules pour signaler que c’était rien – intérieurement j’espérais que le message passerait bien et que j’aurais pas juste l’air d’un connard expéditif à cause de ma gueule qui bronchait pas, ça l'aurait mal foutu. Je savais pas si c’était dû à la fatigue, au contre coup de cette histoire de merde, à la gueule de bois qui pointait l’bout de son nez ou au bédo foireux de Robin mais je commençais à avoir mal à la tête et le cerveau qui tournait au ralenti. Je sentais aussi que je m’engluais dans les limbes d’un esprit poisseux pas net qui m’insupportait sans parvenir à me raccrocher aux parois de mon être et ça me tapait sur le système. Elle a enchainé pour parler des gars qui étaient détendus et ça avait l’air de la dérouter alors j’ai jeté un coup d’œil vers la piaule où on devinait les silhouettes de mes frangins qui s’agitaient joyeusement derrière les rideaux tirés et j’ai secoué la tête : « It’s just their way of dealing with it, you know, release the pressure » Je voulais la rassurer mais quand ils sont sortis mes mots étaient affaissés monocordes comme s’ils avaient du mal à tenir droits et je me suis raclé la gorge historie de les réveiller un coup. A ce stade j’osais toujours pas la regarder franchement comme si ça risquait de la salir alors je laissais mon attention vagabonder de la porte de la chambre qui était pleine de peinture bleue, au lampadaire pété à côté, à la télé pourrie éteinte accrochée au mur de la réception qui nous fixait d’un regard vide, aux nuages gris mornes qui cachaient la Lune au dessus de nous ces enfoirés. Et c’était peut-être un peu minable à quel point j’évitais son regard mais j’avais pas non plus envie qu’elle voit comme ça, comme un pleurnichard qui traine la patte, qui est tout éteint de partout. Même moi il me saoulait ce gars-là. « Besides, j’ai repris en essayant d’avoir l’air un peu plus vivant du coup, they’re happy Elvis's okay. Thanks to you. Probably swinging to hound dog as we speak, now that's definitely worth celebrating » j’ai lancé pour essayer de la faire sourire un peu et quand j’ai risqué un regard dans sa direction la vision de ses yeux tout plein de gentillesse ça m’a encore serré les trippes bon sang je m’y ferais jamais. Elle se tortillait les doigts, essayait de rester composer, de trouver sa place dans ce monde qui était clairement pas le sien. Je me suis mordu les lèvres. Jaimie, p’tite bulle de tendresse auréolée de mystère, p’tite extraterrestre au milieu de tout c’bordel. Sûr qu’elle devait nous voir comme une bande de sacrés barbares un peu crétins. Elle était peut-être submergée au milieu de notre grande famille d’enragés et alors peut-être qu’elle venait chercher du réconfort chez moi sans savoir que j’étais pas loin d’être le plus taré du tas. Indubitablement je me suis dis qu’elle devait avoir une sacré poisse côté accointance du genre aimant à cassoc’ parce qu’entre son vieil hippie cinglé et moi on va pas se mentir son choix de fréquentations il laissait légèrement à désirer.

Je me suis massé les sinus. J’éprouvais de plus en plus le besoin de me carapater tout seul et de m’isoler, peut-être picoler dans mon coin jusqu’à tomber de fatigue et puis redémarrer au réveil comme si de rien. On efface tout, on recommence en mieux. La défonce comme sésame. Mais je pouvais décemment pas la laisser toute seule et puis j’étais pas sûr d’en avoir envie non plus. N’empêche, je commençais à me dire que tirer sur le joint de Robin c’était peut-être bien encore une idée de merde à ajouter à la liste de mes idées de merde de la journée parce que clairement ça faisait pas sûr moi ce que ça faisait sur elle, avec ses yeux rêveurs et ses fous rires et ses délires psychédéliques même. Non moi ça m’avait juste rempli le cerveau de coton et j’étais pas franchement plus détendu pour autant (ce qui était quand même l’effet escompté bordel) alors je crois pouvoir dire sans trop m’avancer que cette tentative avait lamentablement foirée. Je commençais aussi à me demander si elle avait vraiment mis que de la beuh dedans et comment elle était pas tellement plus bizarre que d'habitude après s'en être sifflé un ou deux à elle toute seule surtout. Mec, les hippies, ma parole… Mais j’étais entrain de divaguer alors j’ai cligné des yeux et j’ai essayé de ramener ma conscience oisive vers le moment présent et vers Jaimie qui fixait le sol en faisant innocemment rouler une pierre sous sa chaussure. Je me demandais de quoi elle aurait besoin pour relâcher la pression quand elle a soufflé que la nuit avait été étrange et j’ai hoché la tête dans le vide même si elle pouvait pas me voir : « Yeah, it was » J’ai enfoncé mes mains dans les poches de mon jean comme un gland, j'ai reconnu les contours de mon paquet de clopes entre mes doigts, j’ai regretté qu’il soit vide. Quand elle a enchainé pour dire qu’elle avait eu peur j’ai froncé les sourcils en tendant maladroitement la main vers elle mais je me suis arrêté en l’air de peur d'aggraver les choses. Je voulais prendre ce qui la troublait, je savais pas comment, je savais même pas comment la rassurer, comme si j’avais tout oublié d’un coup, c’était lamentable. Et puis elle a ajouté qu’elle avait flippé pour moi et je me suis senti bien con : « Yeah, I’m sorry about that too » j’ai répondu comme un vieux disque rayé avec un genre de rire sarcastique dans un souffle en regardant le sol mais ensuite elle a tendu sa main vers la mienne en murmurant qu’elle était soulagée que j’ai pas été blessé et j’ai relevé les yeux vers elle du genre un peu surpris. Elle a fixé son regard dans le mien et tout à coup j’ai pris conscience du fait que son inquiétude elle venait en partie de sa crainte que la balle du fondu aurait pu finir sa trajectoire entre mes deux yeux et ça m’a fait un drôle de truc dedans. Bon sang ça aurait été carrément nul à chier comme mort. En d'autres temps j'aurais sûrement essayé de blaguer sur le fait qu'il en fallait plus pour se débarrasser de moi ou j’en aurais profité pour rappeler ma condition de boxeur pro valeureux et increvable mais ce coup-ci j’ai rien pu sortir de bien malin et je suis resté silencieux. Il y avait quelque chose dans le ton de sa voix, dans son regard, dans la douceur de ses gestes qui clouaient complètement sur place. Je me sentais à la fois gêné et bêtement ému et je voulais la prendre dans mes bras mais j’osais pas. Au final c’est elle qui s’est rapproché en prenant ma main dans la sienne et j’ai senti mon cœur se serrer. Je l’ai regardé longuement, mes yeux passant de ses prunelles tendres à ses lèvres douces et rondes et bon sang j’aurais pu me noyer dans cette douceur. J’étais peut-être un peu trop perché en altitude à ce stade mais en cet instant je me suis dis qu’elle était belle comme un feu de camp au milieu d'une forêt enneigée et que moi, quand elle me regardait comme ça, je me sentais fondre de l’intérieur. Lentement, je l’ai laissé entrelacer ses doigts dans les miens et j’ai fais la même chose avec l’autre main. « Come here » j’ai fait à voix basse en la tirant doucement jusqu’à moi et puis j’ai posé mon front contre le sien en fermant les yeux. Dedans, je sentais une vague de chaleur se répandre dans mon corps entier et mon cœur entreprendre de défier toute logique en se mettant à battre simultanément plus vite et plus calmement. On est resté un moment comme ça, à partager le silence et à respirer le même air, et puis comme je ressentais toujours le besoin impérieux de la sentir plus proche de moi j’ai encore tiré sur ses mains et j’ai passé mes bras autour de ses épaules et j’ai enfoui mon visage dans le creux de son cou. Elle sentait bon ma parole, un mélange de bois brulé, de vent marin, de l’arôme fleuris de son shampoing et de celui naturel de sa peau et c’était divinement enivrant. Je pouvais presque sentir le sel de l’océan sur mes lèvres et je voulais remonter le temps à ce moment où il y avait que nous et la plage et les étoiles, où on était libres et invincibles, où on avait pas encore basculé dans cette autre réalité pourrie. Je pouvais pas m’empêcher de penser que chaque fois que j’étais un peu trop heureux comme pas permis fallait toujours que ça parte en couille et qu'il devait sérieusement me manquer une case là-haut pour que je sois toujours enclin à tout foutre en l'air aussi magistralement. Mais ensuite le parfum et la tendresse de Jaimie ont eu raison du bruit dans ma tête qui s'est affaibli jusqu'à disparaitre et j’ai senti mon esprit commencer à se libérer de tout - de tout sauf de son odeur, que je pourrais jamais oublier. C'était comme si cabalistiquement elle savait éteindre tous mes incendies. J'ai sombré tranquillement dans un néant proche du plaisir, vide de toutes pensées à la con, et puis là vrai de vrai je dis pas ça pour embellir l’histoire mais le gros nuage gris qui cachait la Lune il a fini par se faire la malle et alors elle s’est mise à briller dans le ciel au dessus de nos têtes et c’était un peu magique comme éclaircie des cœurs. « You’re out of this world you know that? » j’ai ronronné contre sa peau sans trop réaliser le double sens de ma phrase et au fond c’était peut-être un sacré de lapsus, parce qu’incontestablement elle était à la fois extraordinairement divine et clairement trop bien pour le monde de merde dans lequel je l’entrainais.

Avec une infime douceur j’ai déposé un baiser dans son cou et puis je me suis écarté et j’ai délicatement pris son visage entre mes mains comme si je craignais de la casser à la moindre pression : « Everything’s gonna be ok, I promise, j’ai assuré à voix basse et j’y croyais dur comme fer - malgré la petite voix dans le fond de ma tête qui susurrait que c'était des conneries et qu'avec moi dans les parages elle serait jamais en sureté, je voulais quand même y croire. Je voulais lui donner tout ce dont elle avait besoin, je voulais qu'elle soit en sécurité avec moi. Mes pouces ont caressé ses joues et j’ai cherché son regard : I’d never let anything happen to you. » Je finissais tout juste ma phrase quand inopinément, coup du sort (ou de la poisse ma vieille pote), j’ai vu les lumières rouges et bleues des gyrophares se refléter comme au ralenti contre la paroi du motel miteux derrière Jaimie. J’ai relevé la tête et j'ai regardé ça avec un mélange de torpeur et d’angoisse froide alors que la caméra de surveillance que j’avais vu du coin de l’œil en rentrant dans la station service reparaissait dans mon esprit disloqué : « Oh fuck! » j’ai lâché dans un souffle avec la chaleur qui se carapatait bien (trop) loin de mon corps et mon cerveau qui redémarrait à fond la caisse mais n’importe comment et alors j’ai pas réfléchi j’ai chopé Jaimie par le bras et je l’ai brusquement tiré à l’intérieur de la réception au moment où la voiture des képis nous passait devant. Je sais pas pourquoi j’ai fais ça, c’était complètement con, mais j’avais plus tellement accès à la partie rationnelle de ma caboche à ce stade. « Fuck, fuck, fuck » je continuais de siffler entre mes dents en regardant autour de moi avant de m’appuyer contre le mur et de me passer les mains sur le visage avec le palpitant qui battait la chamade à m’en décoller les côtes dans le poitrail. Bordel de merde la caméra ! La putain de caméra ! Même si le proprio nous avait pas balancé, les lardus avaient dû regarder les vidéos de sécurité où ils me verraient clairement avancer droit sur l’autre couillon en puissance pour lui coller la mère de toutes les raclées, avec ma kutte bien visible et mes cheveux et peut-être même la plaque d’immatriculation de ma bécane sur le parking dehors ma parole ! Putain à tous les coups l’autre baltringue avait supprimé le passage où il se ramène avec sa hache de merde et il allait me coller ça sur le dos. Homicide involontaire, délit de fuite, je sais pas ce qu’il allait coller mais il allait trouver ça c’est sûr. Avec ma sale réputation et mon casier judiciaire long comme le bras j’étais le coupable idéal même ! Putain si ça se trouve ils allaient aussi emmerder Jaimie en la taxant de complice ou de je sais pas quelle connerie ! Putain quelle merde ! Putain comment j’avais pu être aussi con ! Je partais trop loin, infoutu de me raccrocher aux branches. L’impression que le sol se dérobait sous les pieds et je tombais en chute libre avec des flashs de lumières et de mares pourpres qui me bombardaient la gueule alors j’ai appuyé mes mains jointes devant ma bouche en fermant les yeux pour essayer de me calmer et de pas commencer à hyper ventiler comme un enfoiré. Je savais que je devais rester calme, relativiser, rassurer Jaimie, chercher un plan d’évasion ou un truc malin à faire, mais je pouvais pas, putain pourquoi je pouvais pas ? Les sirènes se sont intensifiées à nouveau, signe que les lardus avaient fait demi-tour, qu’ils se rapprochaient et qu’à coup sûr ils seraient là en un rien de temps. J'avais pas envie de la mêler à ce merdier mais elle l'était déjà, j'avais pas le choix, alors dans une tentative de reprendre mes esprits et d’être pas complètement bon à rien je me suis rapproché d’elle et avec l’air vachement sérieux les yeux dans les yeux je lui ai dit : « Alright babe listen, I fucked up. Cops might have seen some stuff on the security video. Probably nothing, I don’t know. Whatever happens, you stay put alright? Law’s fucked and shit might go down, and I can do the time, whatever, but I don’t want them to fuck with you okay? If they come over here I’ll handle it, you stay put and then you find Ryder, he’ll take you anywhere you want. I’m sorry. It’s gonna be okay. » Placidité explosée. Pupilles dilatées. Discernement aux oubliettes. J’étais un putain de parano en plein bad et plus ça allait plus je m’enfonçais. Bordel à queue le spectacle devait pas être glorieux.
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Jameson Winters
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la louve raffinée
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ATELIER I ↟ Robin
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Flashbacks ↠Laoise [3]

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PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.

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ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.

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LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.

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GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.

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KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.



RPs EN ATTENTE : Phoenix [3]Phoenix [f.b.]Bosie me boy [d.f.]Slasher Night ↟ Robin [4] ↟ Robin & Phoenix [r.a. 2]

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AVATAR : Maggie Siff
CRÉDITS : Birdiesnow (avatar), anaëlle. (signature), loonywaltz (UB), mapartche (dessin <3 )
DC : Aisling l'effeuilleuse prude
PSEUDO : Whitefalls/Whitewolf
INSCRIT LE : 08/03/2016
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Message(#) Sujet: Re: Nous rêvions juste de liberté ➶ Phoenix Nous rêvions juste de liberté ➶ Phoenix - Page 4 EmptySam 08 Juin 2019, 16:54


NOUS RÊVIONS JUSTE DE LIBERTÉ
phoenix & jameson | australie, 2003

On est restés comme ça, à se perdre et à se retrouver dans le regard de l’autre et j’ai compris que les mots étaient devenus superflus. Je pouvais sentir les derniers vestiges de la tension entre nous s’évanouir, remplacée par une profonde tendresse. Les yeux de Phoenix se sont aventurés vers mes lèvres, brillant d’une telle intensité que j’ai bien cru qu’il allait m’embrasser et mon cœur s’est mis à trépider d’anticipation. Mais lorsqu’il s’est penché vers moi, c’était pour appuyer son front contre le mien, dans un geste plus intime encore qu’un baiser. Je me suis imprégnée de la vision de ses traits, la pâleur de ses cils recourbés qui reposaient délicatement sur sa peau, puis j’ai fermé les yeux à mon tour en caressant l’arrête de son nez avec le mien. Plus rien n’existait en dehors de nos doigts entrelacés, nos souffles mêlés ; et la volupté si envahissante de notre étreinte me donnait presque le vertige. Pas très stable sur mes pattes, je l’ai laissé m’attirer tout contre lui, savourant ce contact enveloppant auquel je devenais dangereusement accro. Mes mains caressaient son dos, redessinaient le contour de ses patchs tandis que je m’enivrais de son odeur caractéristique et déjà si familière. J’aurais pu rester des heures comme ça, enfouie au creux de ses bras, protégée des affres de cette nuit trop sombre qui ne faisaient plus le poids face aux sensations délicieuses de l’instant présent. Avec un soupir de contentement, j’ai laissé mes doigts courir sur sa peau douce, s’enfouir dans les mèches blondes sur sa nuque. Phoenix m’a dit que j’étais hors du commun dans un murmure, et la vibration de sa voix contre ma peau envoya un frisson de plaisir le long de ma colonne vertébrale qui ne manqua pas de me rappeler nos ébats sur la plage. J’ai senti un sourire épris et ravi étirer mes lèvres comme jamais tandis que les siennes déposaient un baiser dans le creux de mon cou et j’ai dû lutter pour ne pas le retenir quand il s’est écarté, tellement j’aurais voulu le garder contre moi jusqu’à la fin des temps. Mais alors ses mains ont encadré mes joues avec beaucoup de douceur, et les yeux dans les yeux, il m’a assuré que tout se passerait bien, qu’il ne laisserait jamais aucun mal m’arriver et je ne sais pas très bien si c’était à cause de la sincérité poignante de son regard ou la beauté de sa promesse, mais j’étais profondément émue et touchée par ses paroles. « I know… » Je me suis entendue répondre d’une voix basse et assurée, parce que j’avais beau ne le connaître que depuis quelques heures à peine, Phoenix ne m’avait jamais donné la moindre occasion de douter de lui. J’ai caressé sa joue avec un sourire, savourant le sentiment de plénitude et de confiance absolue qu’il m’inspirait. Je ne le savais pas encore, mais je passerai les prochaines années de ma vie à rechercher en vain cette sensation auprès de ceux avec lesquels j’essayerai de l’oublier.

Je flottais encore sur un nuage lorsque – en pâmoison face à son profil si bien dessiné – j’ai fini par remarquer son air soucieux. Je n’ai pas eu le temps d’analyser cette information qu’il laissa échapper un juron et me tira brusquement par le bras, m’arrachant à ma transe avec un petit hoquet de surprise. Sans trop comprendre comment, je me suis retrouvée à l’intérieur de la réception, un peu à l’écart d’une grande baie vitrée où se reflétaient les lumières bleues et rouges des gyrophares en provenance de la route et je me suis demandé comment Phoenix était parvenu à réagir si rapidement alors que je venais à peine d’atterrir. « Fuck, fuck, fuck ! » Il a encore juré, et j’ai senti mon cœur se serrer en voyant ses grands yeux paniqués sonder le vide derrière moi et les mains nerveuses qu’il passait sur son visage comme par réflexe. Je me suis demandé si c’était la perspective d’être arrêté pour son altercation dans la supérette qui l’affectait comme ça ou bien s’il revivait des flashs de ses anciens troubles avec les forces de l’ordre. J’ai réalisé avec une certaine sidération que je n’avais jamais pensé à lui demander la raison pour laquelle il avait été incarcéré par le passé – et que cette incertitude ne m’avait pas empêchée de me donner à lui sans la moindre crainte. Je crois que quelque part je me doutais que c’était surement à cause d’une bagarre qui aurait mal tourné, comme tant de fois ce weekend, ou bien peut-être avais-je tout simplement envie de me voiler la face, d’oublier ce détail qui m’avait tout de même effrayée sur le coup et que j’avais commodément oublié par la suite. J’aurais dû flipper, à cause des flics qui rôdaient clairement dans les alentours ou au moins à cause de sa réaction à lui, mais je sentais un étrange calme me submerger – et quelque part je ne me plaignais pas comme j’étais du genre à tout faire foirer quand la panique montait. Alors je me suis rapprochée de lui et je tendais la main pour le rassurer quand le son strident d’une sirène beaucoup trop proche me fit sursauter, stoppant mon mouvement dans les airs et catapultant Phoenix dans le présent. Avec un air d’anti-héros au cœur tendre qui sent la fin arriver, il a plongé ses yeux hantés dans les miens pour me dire qu’il avait merdé, que les flics allaient surement trouver de quoi l’accabler sur la vidéo de surveillance et que moi je devrai rester calme quoi qu’il arrive, parce que la loi c’était de la merde (je n’ai pas pu retenir un froncement de sourcils offensé comme la loi c’était moi), mais que si les choses dérapaient il pouvait gérer en taule, par contre il refusait catégoriquement de les voir s’en prendre à moi. Bordel, j’avais beau savoir que la situation n’était pas aussi désespérée qu’il le pensait, je vous jure que la sensation déchirante dans mon âme valait tous les films et livres larmoyants auxquels je me piquousais pour essayer de rappeler à mon cœur qu’il était vivant. Alors quelque part j’avais surement l’air aussi dramatique que lui parce que tout de suite il m’a déballé un plan selon lequel j’étais censée me faire discrète puis foncer retrouver Ryder pour qu’il m’amène loin d’ici. J’ai dû pas mal prendre sur moi pour ne pas me laisser happer dans son délire (et m’accrocher à ses bras en promettant de lui rester fidèle aussi longtemps qu’il serait derrière les barreaux, ou encore que je refusais de partir sans lui). Fort heureusement, le côté rationnel de mon esprit a jugé utile de reprendre les rennes et j’ai froncé les sourcils. « What ? No, Phoenix wait. » J’ai tempéré en posant mes mains sur sa Kutte comme pour l’empêcher de s’échapper sur le parking pour se sacrifier vaillamment. « They can’t know about you bein' there, alright? The guy at the station, Elvis told me he’s a friend of the club, that he’d never betray you guys. » Mais je sentais que cette révélation ne suffirait pas à elle seule, d’autant que les flics semblaient prendre un malin plaisir à traîner dans les parages, alors j’ai délicatement pris son visage entre mes mains pour le forcer à détacher ses yeux des grandes vitres et ramener son attention à ce que j’essayais de lui dire. « And you don’t need to worry about the security camera. They’ll find an empty space when they try lookin' for it 'cause I’ve got the tapes right here. » J’ai ajouté avec un sourire complice et un poil frimeur en m’écartant juste assez pour tapoter mon sac en bandoulière dans lequel les précieuses bandes vidéos reposaient tranquillement en attendant d’être détruites. « See? It’s alright baby, they don’t have shit on you. We’re gonna be ok! » Et puis si malgré tout quelques flics zélés décidaient de ramener leur faciès par ici pour s’en prendre à mon beau motard sauvage, je saurai les accueillir, parce la loi avait beau être parfois injuste envers ceux qui ne la maîtrisaient pas, c’était loin d’être mon cas et je savais exactement comment l’utiliser dans son intérêt. « I’d never let anything happen to you either. » J’ai affirmé d’un ton mi solennel, mi farceur comme j’étais sacrément fière d’avoir déjà eu l’occasion de prouver ma valeur comme l’héroïne qu’il méritait. J’étais d’ailleurs pas loin de me laisser à nouveau happer dans ces songes tissés de romance lorsqu'une ultime once de pragmatisme a fini par noter ses pupilles dilatées que je ne pouvais décemment plus imputer à la nuit noire comme on baignait largement dans l’éclairage miteux de la réception. Il ne m’en a pas fallu davantage pour connecter ce symptôme clinique avec sa nervosité et ma pote scintillante la grosse ‘cigarette’ roulée de tout à l’heure. « Wait. » J’ai laissé échapper avec un sourire taquin en me penchant davantage pour mieux regarder le noir qui mangeait ses prunelles pâles. « Are you… on the pot ? »


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follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.

:l::

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Message(#) Sujet: Re: Nous rêvions juste de liberté ➶ Phoenix Nous rêvions juste de liberté ➶ Phoenix - Page 4 EmptyDim 05 Avr 2020, 22:06


nous rêvions juste de liberté
“This life is short, baby that’s a fact, better live it right, you ain’t comin back. Gotta raise some hell, ‘fore they take you down. Gotta live this life. Gotta look this world in the eye. Gotta live this life until you die”
Les gyrophares se reflétaient dans les grands yeux incandescents noisettes bleus rouges de Jaimie et je crevais d’envie de me perdre dans la contemplation de ce spectacle de lueurs hypnotisantes mais je pouvais pas me le permettre, je devais assumer ma connerie. Elle m’a retenu en posant ses petites mains sur ma kutte alors que je tournais les talons, plaidant en faveur de la baltringue avec sa hache qui était soit disant digne de confiance et j’ai secoué la tête en fermant les yeux, dramatique au possible. A ce stade avancé de ma paranoïa je sais pas comment j’avais fais mon compte mais j’avais réussi à m’auto-persuader que mon délire de balance et de képis patrouillant le quartier dans l’unique but de me coffrer c’était pas un délire mais la réalité et que Jaimie ne savait simplement pas tout ça et que je devais l’en préserver. J’ai ouvert la bouche pour la rassurer comme le cliché de héro sans peur et sans reproche pour qui je me prenais manifestement et je savais pas encore très bien ce que j’allais lui dire - sûrement un truc du genre « t’inquiètes bébé, ça va aller » - quand d’un coup elle a attrapé mon visage pour me forcer à lui faire face (et arrêter de divaguer comme un abrutis) et elle a enchainé en disant que si les lardus cherchaient la vidéo de sécurité ils se retrouveraient bien cons les mains vides (en gros) parce qu’elle avait tiré les cassettes. « You… wait what ? » La gueule dans le brouillard, lent à percuter, mon regard est passé de sa bouille mutine ravie à son sac en bandoulière qu’elle tapotait avec fierté, torse tout bombé. « See? It’s alright baby, they don’t have shit on you. We’re gonna be ok! » J’ai continué de la fixer comme un connard abasourdi, mes yeux s’arrondissant de plus en plus alors que je réalisais ce qu’elle avait fait. « Oh shit » j’ai fini par lâcher alors qu’un rire nerveux s’échapper de ma gorge dans un souffle irrépressible et je me suis passé les mains sur le visage. « I’d never let anything happen to you either. » J’ai baissé mes mains au niveau de ma bouche comme si je priais et je l’ai regardé. Sa petite mine satisfaite, son sourire en coin délicieusement malicieux, ses yeux à damner un saint, sa vivacité d’esprit qui nous avait sauvé le cul pour la j'sais-pas-combientième fois de la soirée… bon sang j’en revenais pas. Cette nana ma parole. Je sais pas combien de temps je suis resté planté là à la fixer comme un con plein de béatitude encore mais j’étais tellement KO sur le cul que ça a peut-être duré un certain temps jusqu'à ce que son sourire s’élargisse, qu’elle incline la tête sous mon nez en me regardant d’un air drôle et que de sa petite voix douce un brin railleuse elle me demande si j’étais « on the pot ». J’ai cligné plusieurs fois des yeux. « On the - » Nan elle pouvait pas être aussi innocente, c’est pas possible. La goûte d’eau qui fait déborder le vase, j’ai explosé de rire, et puis je sais pas ce qui m’a pris j’ai attrapé son visage et sa nuque au creux ma main et d'un coup avec toute la joie et la passion qu’elle m’inspirait je l'ai tiré vers moi et je me suis penché vers elle et j'ai écrasé mes lèvres contre les siennes. C’était le baiser de la délivrance, assurément, ou un délire dans le genre. Bon sang j’avais jamais connu une femme comme elle. Aussi tendre et délicate, et en même temps avec ce sang-froid dans les veines, cet aplomb déroutant qui irradiait de la sérénité exaltante de partout, le genre de truc magnétique que tu ressens quand tu roules à 150 à l’heure ou que tu tombes par hasard sur un paysage tellement beau que ça te coupe le souffle direct. Je me suis dis que c’était peut-être pour ça qu’elle aimait autant se paumer dans la nature, parce qu’elles avaient beaucoup de choses en commun, toutes les deux. Dans ses yeux, y avait comme un goût de liberté. Et soudain venir tabasser la gueule toute carrée du p’tit néonazi de mes deux c'était la meilleure décision que j’avais prise de toute ma vie. J’avais envie de soulever ma brune piquante de terre et de la faire voltiger dans les airs. Alors c’est ce que j’ai fais. Le cœur battant, je me sentais léger comme pas permis, je touchais plus le sol, comme si cette nouvelle venait effacer tout le mal, tout le reste, je pensais plus qu’à elle et à la sacré chance que j’avais de l'avoir et alors je lu ai dis encore : « You’re fucking amazing » Sans déconner j’étais tellement perché que j’aurai probablement pu lui demander de m’épouser là dans la réception miteuse de ce motel de merde qui baignait dans une lumière couleur thé infusé dégueulasse et heureusement le mec de la réception a choisi ce moment précis pour ramener sa trogne incommodante et pourrir l’ambiance merci à lui. « What can I do you for? » qu'il a lancé d’entrée de jeu en essuyant ses mains pleines de ketchup (j’espérais que c’était du ketchup) dans son marcel déjà bien crade dans le genre. J’avais tourné la tête vers lui sans pouvoir me débarrasser de mon sourire crétin et de Jaimie que je tenais toujours dans mes bras et à contre cœur je l’ai redéposé sur le sol pour me rapprocher du comptoir qui faisait office de réception et de bar. « Yeah, two rooms mate » J’étais tenté d’en prendre qu’une mais je voulais pas pousser ma chance, et si j’étais aux anges parce que j’étais taré peut-être que Jaimie avait toujours besoin d’être seule. Il avait l’air surpris de nous voir et je sais pas si c’était à cause de ma pulsion romantique sorti de nulle part ou parce que d’habitude c’était le genre de motel qui recevait que les routiers et les prostituées et que nos faces lui revenaient pas. Il a ravalé un molard. « Comin’ right up » En se retournant il a fait un signe vers la télé mural qui s’était allumée comme par magie. « Seen that shit? » J’ai relevé la tête et dans le poitrail le palpitant a continué ses montagnes russes à la con avec un p’tit looping de merde descendant à la clef quand j’ai reconnu la station service qu’on avait quitté en trombe une heure plus tôt. « Guy tried to rob the gas station, got turned into mush, fucking axe in the back of his head, poof! Il a passé sa main derrière sa tête (je suppose pour mimer la hache, des fois qu'on ait pas compris) Can you believe that shit? » J’ai pas bronché, le regard dépourvu de toute expression. Putain ça craint. Putain le gars nous a pas balancé. Putain Jaimie avait raison. Putain on assure dans le genre Bonnie and Clyde. Putain qu'est ce que je raconte. « Some fucking prick he was! Ok mais on t’as rien demandé mec donc au pire ferme ta gueule. Tried to rob ME last month! Son pouce s’est enfoncé dans son poitrail. That car they found in the parking lot? ‘T’WAS MINE! » qu’il a vociféré tout rouge avec la gueule du type qui extrapole à mort en se disant que ce serait plus tragique stylé et crédible si c'était son histoire à lui. « Right, right… » J’en avais rien à battre. J’étais de nouveau au top. Ces commérages me tapaient sur le système et j’avais juste envie de me casser de là. Ensuite son regard s’est arrêté sur Jaimie et je sais pas si c’était toujours mon trip paranoïaque mais j’aurais juré qu’il la reluquait bien salement en se léchant les lèvres alors j’ai passé un bras autour des épaules de l'irlandaise en l'écrasant un brin contre moi. « Nah. No way. Keys man » que je l’ai rappelé à l’ordre et il se l’est pas fait dire deux fois. Alors j’ai récupéré les clefs sans payer et peut-être que je payerais le lendemain et peut-être que je payerais pas et j’ai ramené Jaimie jusqu’à sa chambre, ce qui était pas une mince affaire vu que le numéro c’était 1759 alors qu’il y avait à peine 200 piaules et qu’elles étaient placées n’importe comment comme si le bordel avait été conçu par un gamin débile et sadique pour embrouiller n’importe qui en cherchait une. Théorie que j’ai d’ailleurs partagé avec Jaimie et elle avait l’air du même avis et alors on s'est bien marré et ça faisait du bien de pouvoir rire comme ça. Quand même, on a fini par trouver ce foutu numéro 1759 hallelujah et alors j’ai ouvert la porte d’un coup d’épaule et je l’ai laissé passer d’abord avec un « Milady » à la clef avant de rentrer à mon tour. J’ai jeté un coup d’œil autour de nous, c’était à peu de choses près la même piaule que celle d’Elvis. Etriquée à peine plus grande que le plumard, couleur moutarde dégueulasse omniprésente, lumière clignotante, parure de couette poussiéreuse, moisissure contre les murs. « Well that’s cosy innit! Oh by the way, got something for you love, que je me suis souvenu d'un coup en sortant la paquet de chips froissé de la poche arrière de mon baggy, thought you might be hungry. Ain’t much but I didn’t know if the rest was vegan so… » que j’ai expliqué piteusement et joignant le geste à la parole j’ai tendu le sachet à ma somptueuse brune éthérée. Dans ma tête c'était une évidence maintenant : le pire était derrière, on avait plus qu’à regarder de l’avant. Et moi y a pas à dire, j'étais sacrément content de pouvoir regarder par là avec Jaimie.

Starseed
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Jameson Winters
Jameson Winters
la louve raffinée
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Présent
ÂGE : quarante-six ans.
SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi.
STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain.
MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale.
LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide.
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ORIENTATION : J'aime tout le monde.
PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.
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ATELIER I ↟ Robin
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ATELIER III ↟ Eve

Flashbacks ↠Laoise [3]

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PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.

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ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.

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LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.

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GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.

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KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.



RPs EN ATTENTE : Phoenix [3]Phoenix [f.b.]Bosie me boy [d.f.]Slasher Night ↟ Robin [4] ↟ Robin & Phoenix [r.a. 2]

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AVATAR : Maggie Siff
CRÉDITS : Birdiesnow (avatar), anaëlle. (signature), loonywaltz (UB), mapartche (dessin <3 )
DC : Aisling l'effeuilleuse prude
PSEUDO : Whitefalls/Whitewolf
INSCRIT LE : 08/03/2016
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Message(#) Sujet: Re: Nous rêvions juste de liberté ➶ Phoenix Nous rêvions juste de liberté ➶ Phoenix - Page 4 EmptyMer 29 Avr 2020, 22:39



NOUS RÊVIONS JUSTE DE LIBERTÉ
phoenix & jameson | australie, 2003

Phoenix me dévisageait avec incrédulité, ses grands yeux fixés sur moi, et je me suis sentie assez fière d’avoir deviné sa consommation d’herbes à fumer. Puis quelque chose a changé dans son regard. Il était tellement hilare que je ne savais plus trop si son attitude venait confirmer ou infirmer ma petite théorie. Au final ça n’avait aucune importance car ses mains se sont délicatement refermées autour de mon visage et le regard un peu flou je me suis abandonnée à son étreinte, le cœur prêt à exploser au moment où il presserait ses lèvres contre les miennes. Et d’ailleurs, ça n’a pas loupé. J’avais l’impression d’avoir été privée de cette caresse depuis une éternité. Entre la course poursuite folle sur les routes sinueuses de campagne, le drame à la station-service, l’opération improvisée d’Elvis et nos émotions éclatées sur le parking, disons que nous étions autrement occupés. Mais quand il me tenait comme ça contre lui, tout se brouillait dans mon esprit. Effacé, le stress de ces dernières heures. Il ne restait que la vigueur enveloppante de son étreinte et la passion de ses baisers. Réfugiée derrière mes paupières closes, j’ai noué mes bras autour de son cou pour le retenir contre moi et inspiré l’odeur de sa peau, fraîche et salée comme l’océan qu’on venait de quitter. Ceux de Phoenix se sont enroulés autour de ma taille et avant que je puisse comprendre ce qu’il avait en tête, mes pieds ont quitté le sol. J’ai rouvert les yeux avec un petit cri amusé et un rire a enflé dans ma gorge alors que je levais les bras vers le plafond écaillé tandis qu’il me faisait virevolter. J’aurais griffé n’importe quel autre type en exigeant d’être reposée sur le champ. Mais c’était Phoenix, et son débordement de joie était aussi sincère que contagieux. Alors l’allégresse déferlant sous ma peau je prenais tout ce qu’il voulait bien me donner, les émotions en dent de scie, les aventures à couper le souffle, sa tendresse et sa force, ces instants éphémère qui me semblaient écrits pour durer. Ballotée dans ses bras, je me suis dit qu’il était le premier grand huit que je n’avais pas envie de quitter, tellement les hauts m’amenaient si loin dans les nuages que je ne pouvais plus voir les bas, ni même le sol en fin de compte. Je me sentais si légère que j’aurais pu toucher les étoiles, mais à quoi bon, puisqu'elles brillaient bien moins dans le ciel qu’au fond de ses yeux.

Nos rires emplissaient le hall miteux du motel tandis que les lumières de police s’éloignaient, projetant leurs couleurs criardes sur les murs délavés comme pour éclairer nos pas. C’est à peine si je les voyais, tant mon univers se résumait à cette seconde, ce regard complice, ce bonheur simple qu’on partageait. Phoenix m’a dit que j’étais incroyable avec une telle franchise qu’une boule de fierté et d’émotion s’est logée dans ma gorge. Les mots m’échappaient une fois encore, alors je me suis contentée de sourire en le couvant des yeux et toujours dans ses bras je me suis penchée pour l’embrasser. J’effleurais à peine ses lèvres quand d’une voix rauque de fumeur désabusé, le réceptionniste a dégommé notre bulle en nous demandant ce qu’il pouvait do us for comme si c’était pas évident que se faire discret quelques minutes de plus était la seule bonne réponse. J’ai dardé un regard un peu offensé dans sa direction mais il ne m’a pas prêté la moindre attention, trop occupé à braquer une télécommande sur un écran surement gagné au bingo accroché à un coin du plafond. Avec un soupir à peine discret, j’ai glissé sur le sol et emboité le pas de Phoenix jusqu’au guichet. Il a demandé deux chambres, une pour nous deux et l’autre pour nos acolytes, je supposais. En face le type s’est mis à pianoter sur un clavier aussi gras que ses doigts en se raclant le fond de la gorge et je n’ai pas pu retenir un petit froncement de nez répugné. A croire que le sang perdu par Elvis avait sérieusement entamé mon seuil de tolérance pour la soirée. Mais j’étais prête à lui pardonner gracieusement du moment qu’il nous filait rapidement les clefs pour qu’on puisse retourner dans notre songe éveillé. Hélas le réceptionniste s’ennuyait tellement qu’il s’est mis en tête de nous commenter les images qui défilaient à la télé. Lançant un regard las dans sa direction, j’ai senti les muscles de ma nuque se tendre car le petit parking qui défilait aux infos n’était autre que celui de la station-service que nous venions de quitter. Mon cœur s’est contracté en même temps que ma main autour de l’avant-bras de Phoenix. J’avais beau savoir que ces images avaient forcément été capturées après notre départ, je flippais de voir mon visage apparaître à l’écran, l’air bien coupable de mon petit délit de vol de cassettes alors instinctivement j’ai posé une main sur mon sac comme pour les protéger. Mes états d’âme ne semblaient guère intéresser notre interlocuteur, bien trop séduit par la possibilité de nous laisser subtilement entrevoir sa toute relative importance dans le drame qui s’était déroulé. Dans sa version romancée, le malfrat avait tenté de l’arnaquer la semaine passée et comme preuve bien ficelée à l’appui, il s’est empressé de hurler que la voiture de sport laissée à l’abandon sur le parking n’était autre que la sienne. J’ai haussé un sourcil sceptique tandis que les failles évidentes de son raisonnement s’additionnaient dans mon esprit, comme si j’étais au tribunal. Donc il a essayé de te voler ou il a réussi ? Et à quel moment t’as pu t’acheter une bagnole qui vaut l’intégralité de ton motel ? J’ouvrais d’ailleurs la bouche pour démanteler sa version douteuse des événements quand je me suis brusquement souvenue que je n’étais pas au barreau et que je n’avais personne à défendre. Alors au fond il pouvait bien réinventer l’histoire comme il voulait, car ça ne ferait que brouiller les pistes et renforcer la version du manager à la hache. « Wow that’s crazy, I really hope you’ll get it back. » Je suis donc intervenue, l’air hyper concernée par ses déboires. J’ai regretté ces paroles à l’instant même où elles franchissaient mes lèvres car son œil grivois s’est tourné vers moi pour la première fois de la soirée et je n’avais pas besoin de connaître ses pensées pour savoir qu'elles étaient détestables. J’ai tiré nerveusement sur les pans de ma veste pour cacher mon décolleté au moment où le bras rassurant de Phoenix s’enroulait autour de mes épaules pour le rappeler à l’ordre. Normalement, j’étais plutôt du genre à l’ouvrir et remettre moi-même les pervers à leur place mais ce soir j’avais comme une agréable satisfaction à laisser mon biker charmant se charger de défendre mon honneur.  

Les clefs en main, on est donc partis à la recherche de la première chambre. On s’est perdus sur la propriété en rigolant, mais aucun de nous deux n’avait la moindre envie de revenir en arrière pour demander un plan du dédale. De toutes les façons, les informations qu’il nous fournirait seraient au moins aussi louches que celles indiquées sur les panneaux censés nous aider à nous repérer (mais qui nous embrouillaient encore plus). Phoenix m’a glissé que c’était surement le coup d’un gamin débile et sadique, redoublant mon hilarité tant et si bien que j’avais les larmes aux yeux quand on a enfin trouvé. Après avoir poussé la porte d’un coup d’épaule, il s’est écarté cérémonieusement pour me laisser entrer. Une lueur enjouée dans le fond des yeux, je me suis exécutée avec un petit sourire satisfait, le gratifiant d’un « Charming » de circonstance au passage. C’était une chambre de motel dans toute sa splendeur, combinant un mobilier vieillissant et l’impression que la poussière imbibait tous les tissus depuis les rideaux moutarde jusqu’à une lampe à frange effet boudoir de la même couleur. Rien à voir avec les suites luxueuses auxquelles j’étais habituée, comme en attestait l'agitation fébrile de mes mains alors que j'en étudiais les recoins. Et pourtant je l’aurais choisie en un battement de cœur du moment que j’étais avec Phoenix, car il faisait de moi la plus heureuse des ladies en cavale. « Well that’s cosy innit! Oh by the way, got something for you love. » Les sourcils vaguement relevés j’ai laissé mes yeux parcourir le décor vétuste pour m’interdire de réfléchir aux éventuelles significations de ce surnom. « Yeah tell me about it. Love the lamp, I might have to keep it. » Un sourire léger au coin des lèvres, je me suis tournée vers Phoenix pour tomber nez à nez avec un paquet de chips écrabouillé qui sortait visiblement de sa poche. « Thought you might be hungry. Ain’t much but I didn’t know if the rest was vegan so… » Il avait l’air presque désolé de ne pas avoir mieux à me proposer, mais c’était déjà tellement plus que ce à quoi j’étais habituée. Une étrange chaleur s’est répandue dans ma poitrine et j’ai comblé la distance qui nous séparait pour nouer mes bras derrière sa nuque. « That’s very thoughful. » J’ai dit dans un murmure, le bout de mon nez effleurant le sien, puis je me suis penchée pour goûter ses lèvres. Leur saveur légèrement salée n’était pas sans me rappeler notre virée sur l’océan alors sans pouvoir m’empêcher de sourire tout contre sa bouche, je me suis demandé si les miennes lui évoquaient les mêmes images. « I hope they’re as salty as your lips. » J’ai donné un petit coup de dents taquin dans sa lèvre inférieure, puis je me suis écartée pour récupérer le paquet qu’il tenait toujours comme je m’étais laissée déconcentrer par l’appel de ses bras. Comme dans une mauvaise publicité, le crissement de l’emballage a  réveillé mon estomac, appâté par l’idée d’ingurgiter autre chose qu’une dose grisante d’alcool ou d’aventure. L’affamé m’a aussi rappelé un autre détail enfouit dans ma mémoire et mes yeux se sont arrondis. « Oh, I almost forgot! We’re in for a treat because I happen to have a fancy dessert to complete our feast. » Animée d’une énergie qu’on n’obtient qu’après un weekend où le sommeil est rare et les émotions fortes, j’ai plongé dans mon sac pour en tirer un paquet cartonné dans un état lamentable. « They had some of my favourite biscuits at the fair. I thought you might like them. » Sans me laisser déstabiliser par son apparente médiocrité, je le lui ai présenté comme une bouteille de vin très raffinée avant de déposer l’ensemble de notre repas sur le lit. « Bon appétit ! » Satisfaite de cet échange et de mon accent pas trop mauvais, j’ai sauté sur le matelas aux ressorts grinçants et pris sa main dans la mienne pour l’attirer à mes côtés. On s’est improvisé un pique-nique avec le dessus de lit comme nappe de fortune et nos aliments hautement nutritifs étalés sous nos yeux rieurs. Au final, le mélange sucré salé était surprenant mais pas désagréable. A moitié rassasiée, je me suis couchée sur le côté et la tête appuyée sur ma main je l’ai observé. En le regardant, j'avais du mal à croire que je ne le connaissais pas avant le début du weekend. Phoenix avait vu des parties de moi que bien d’autres ignoraient. Il m’avait lui aussi laissé entrevoir des bribes de son passé et de ses espoirs. Et en le voyant ainsi, avec son œil au beurre noir et ses longs cheveux qui sentaient la moto et l’aventure, je n’ai pas pu m’empêcher de me demander à quoi ressemblait sa vie quand il n’était pas sur la route. Cette pensée me troubla plus que je ne voulais me l’avouer et je sentis mes sourcils se froncer délicatement. « So… what now Phoenix? » J’ai demandé d’une voix douce, malgré la pointe de doute qui tentait de se frayer un chemin dans mes pensées et que je m’efforçais de repousser, comme si je suppliais la réalité de me donner quelques minutes de quiétude encore avant de me frapper sans pitié de son pragmatisme.    


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follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.

:l::

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